Le dernier week-end de mai, une trentaine d’entre nous se sont retrouvées à Tri-Château, accompagnées par notre père Christian. Une petite communauté de pèlerines reflétant bien la richesse de notre paroisse dans sa diversité, réunies autour de la belle figure d’Édith Stein. Cette brillante philosophe allemande, de famille juive, passionnée par la recherche de la vérité, se convertit au Christ après avoir lu en une nuit la vie de Thérèse d’Avila. Entrée au Carmel, tout en gardant le désir de rester solidaire de ses frères juifs – au plus fort du nazisme – elle sera déportée et gazée à Auschwitz. Elle est canonisée en 1998 sous le nom de sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix par le pape Jean-Paul II.

Juive, philosophe, carmélite, sainte… Autant de qualificatifs qui auraient pu être intimidants pour nous ! Et si beaucoup des textes de cette forte personnalité, aussi intellectuelle que mystique, ne sont pas forcément faciles d’accès, d’autres se révèlent si concrets, si évidents, qu’ils ont nourri très simplement nos moments de partage. Lire ensemble, par exemple qu’ « il s’agit seulement d’avoir un petit coin tranquille où l’on puisse converser avec Dieu comme si rien d’autre n’existait », a suscité des témoignages d’une grande sincérité, chacune parlant de ses rapports à la prière, avec ses bonheurs, ses aridités ou ses moments de vide. Et lorsqu’on s’est hissées un peu plus haut, face à cette exigence : « Nous devons créer dans notre vie un espace pour le Sauveur eucharistique, afin qu’il puisse convertir notre vie en sa vie. Est-ce trop demander ? On a le temps pour tant de choses inutiles… », difficile de ne pas se sentir concernée !

Et puis, un « pélé » de ce genre, c’est aussi un joyeux moment de sororité – et je ne vous parle pas des chambrées à quatre ou cinq lits ! – où on rit, où on blague, où on pleure parfois, où on se confie, où on chante et prie, à trente voix ou dans le silence. Beaucoup des liens qui s’y créent demeurent. Et je sais, pour ma part, à quel point mon regard sur telle ou telle que je ne connaissais qu’en « apparence » a pu se transformer, pour le meilleur et sûrement pour longtemps !

Comme nous étions entre femmes, nous avons échangé aussi sur cette spécificité, qu’Edith Stein a particulièrement étudiée. « L’imitation de Marie, a-t-elle écrit, n’est pas différente de l’imitation du Christ pour la simple raison que Marie fut(…)le premier et le plus parfait portrait du Christ. C’est pour la même raison que l’imitation de Marie n’est pas seulement affaire de femme, mais le devoir de tous les chrétiens. »

Et c’est ainsi que nous avons porté, dans notre pèlerinage des femmes, tous les membres de notre paroisse, y compris les hommes !

Marie-Hélène D