Le temps du carême nous appelle toujours à rester dans le combat spirituel, qui est constant dans la vie des grands saints : ils combattent tous les jours certains désirs humains qui sont en eux, pour donner la priorité à leur fidélité envers le Seigneur Jésus. Jour après jour, ils se battent pour mettre leurs pas dans ceux du Seigneur, et pour se rapprocher du Père. Même s’ils donnent toute leur énergie, durant toute leur vie, à ce combat, et même si l’aspiration à la sainteté est profondément ancrée en eux, ils se heurtent, comme nous tous, à la difficulté de renoncer à beaucoup de choses qu’ils appréciaient dans la vie, de se reconnaître pécheurs et d’accepter leurs faiblesses, pour mieux les surmonter. Le conflit intérieur est présent chez tous les saints, comme en chacun de nous quand nous voulons suivre le Seigneur.
Saint Augustin le dit dans ses Confessions : ‘‘J’avais été touché de l’amour de la sagesse, et différais toujours de renoncer à des plaisirs purement terrestres pour travailler à la chercher.’’ (Confessions, trad. Arnauld d’Andilly, 8,8) Ou encore : ‘‘Mon esprit commande à soi-même et il trouve en soi-même une forte résistance […], c’est qu’il ne le veut qu’à demi, et qu’ainsi, il ne commande qu’à demi.’’ (Ibid., 8,9). On retrouve bien sûr ce douloureux constat aussi chez Saint Paul : ‘‘Je ne fais pas le bien que je veux et je commets le mal que je ne veux pas’’ (Rm, 7,19)
Sainte Thérèse de Lisieux, elle aussi, connaît bien ce conflit intérieur : ‘‘Je désirais la grâce d’avoir sur mes actions un empire absolu, d’en être la maîtresse et non pas l’esclave.’’ (Manuscrits, p. 111) Quand le doute m’assaille, quand le découragement s’empare de moi, face à ce conflit intérieur et à toutes ces tensions, c’est vers la vie des saints que je me tourne : leur force réside dans leur ténacité, qui leur vient de leur confiance absolue en Dieu. Et tout cela, ils le trouvent dans la prière. En priant, ils retrouvent le Seigneur et se souviennent de Son amour pour les hommes. Avec le temps, ils acquièrent la certitude de plus en plus profonde qu’Il sera toujours auprès d’eux quand ils L’invoqueront. Et j’essaie humblement de les imiter dans la constance de leurs prières, et dans leur persévérance, par delà les épreuves.
Saint François de Sales nous montre aussi que nos péchés, et nos échecs dans le combat spirituel, peuvent aussi nous aider à progresser sur notre chemin : ‘‘Le regret d’avoir blessé le cœur de Dieu, la reconnaissance pour sa patience, pour ses dons renouvelés et pour l’effusion de son pardon… allument dans le cœur qui se repent, une flamme de charité qu’on ignorait avant la faute elle-même… La ferveur qu’engendre le souvenir de nos chutes ne doit pas rester dans le sentiment, elle doit régner sur notre volonté et féconder notre conduite, car l’amour ne peut rester inactif… Le résultat de la vraie pénitence est de vouloir restituer à Dieu l’honneur qu’on lui a ravi.’’ (St François de Sales, cité par Joseph Tissot dans L’art d’utiliser ses fautes)Que le temps du carême soit pour chacun de nous, l’occasion de prier les saints d’intercéder pour nous, pour nous aider à acquérir des forces vives dans les difficultés du combat spirituel que nous menons.
Marie