Lorsque je lis certains passages de l’Ancien Testament, je suis étonnée, et même irritée, de voir les mots de vengeance, colère, courroux attribués à Dieu. Serait-il belliqueux, jaloux, tyrannique, impitoyable ? N’est-ce pas plutôt les hommes qui plaquent sur Dieu toutes leurs turpitudes ? Certes, bien souvent, Dieu profère des menaces à leur encontre, mais ces menaces ne sont jamais exécutées. Elles ont pour but de ramener les hommes vers Dieu, de leur faire entendre raison, de leur faire comprendre qui Il est. De nombreux lecteurs de la Bible ont une fausse vision de Dieu : un vieillard barbu, impassible, lointain, assis sur son trône, image largement véhiculée par l’iconographie.
Comment se fait-il que Celui qui nous a créé par amour, selon la belle définition de st Irénée : « Au commencement, Dieu modela Adam non par besoin, mais pouvoir cristalliser en lui ses bienfaits » soit perçu ainsi. Certains textes donnent quelques éléments de réponse. Un passage du Livre de l’Exode (32, 7-14) est révélateur : l’épisode du veau d’or provoque le courroux du Seigneur qui dit à Moïse : « Maintenant, laisse-moi faire ; ma colère va s’enflammer contre eux et je vais les exterminer ». Moïse apaise le visage du Seigneur « qui renonça au mal qu’il avait voulu faire à son peuple ». Voici la réponse du Seigneur : « Je les guérirai de leur infidélité, je les aimerai d’un amour gratuit, car ma colère s’est détournée d’Israël. » Également en Isaïe 35, 4 : « …Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver ».
J’ai enfin trouvé la réponse : la vengeance de Dieu est une vengeance d’amour, un surcroît d’amour. Il nous faut passer du Dieu vengeur au Dieu miséricordieux. Car « le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour … » (Ps 102). La miséricorde exprime le soin dont le Père entoure ses enfants. Elle consiste à avoir le cœur qui bat pour les pauvres. Le mot miséricorde, dit st Thomas d’Aquin, signifie un cœur rendu misérable par la misère d’autrui. Lors du Jubilé de la Miséricorde (8/12/2015 – 20/11/2016), le pape François invitait à mettre la miséricorde au centre de notre vie personnelle et de nos communautés. Le but est de faire l’expérience du pardon de Dieu, de sa présence à nos côtés et de sa proximité quand nous en avons besoin.
La plus achevée et la plus sublime vengeance d’amour de Dieu n’est -elle pas celle de la vengeance sur le Mal par le moyen de la Croix ? « Christ est ressuscité des morts. Par sa mort, il a vaincu la mort. A ceux qui sont dans les tombeaux, il a donné la vie » (Tropaire de la liturgie grecque de Pâques).
Brigitte