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Déclaration de Mgr Laurent Ulrich 

Quel regard portons-nous sur les personnes en fin de vie ?

Une majorité de Français se déclare pour l’aide à mourir, nous dit-on, mais ce sont des Français en bonne santé que l’on interroge, des Français qui ont peur de la souffrance possible à l’approche de la mort, et c’est légitime. Ceux qui ont un jour rencontré des soignants dans un service de soins palliatifs savent que les personnes qui sont accompagnées dans ces services ne demandent pas la mort. Elles demandent à être soutenues dans leur chemin, soulagées dans leur douleur, entourées si l’angoisse vient. Et ces personnes, ainsi que leurs proches, sont effectivement soutenues, soulagées, entourées. On regrette – et nous le regrettons vivement – que les soins palliatifs ne soient pas partout accessibles, que le précédent plan de déploiement sur le territoire n’ait pas été achevé. C’est pourquoi nous accueillons comme indispensable l’accélération de la mise en place sur tout le territoire des soins palliatifs prévue dans le projet de loi dont l’examen débute au Parlement.


Mais pourquoi, si l’on compte que ce nouveau plan de développement des soins palliatifs portera ses fruits, vouloir aussi le recours à l’euthanasie ou au suicide assisté ?
Bien entendu, tel qu’il est fixé dans le projet de loi actuel, ce recours est strictement encadré : critères d’application, contrôles et évaluations, temps de réflexion incompressible… Mais d’une part, c’est bien à notre système de soins tel qu’il est – et non à un système de santé idéal ou idéalisé – qu’il sera confié d’encadrer ces gestes.


Comment pouvons-nous croire que nos établissements de santé pourront le supporter, ces mêmes établissements où les soignants se dévouent de toutes leurs forces, avec courage et humanité, sans toujours parvenir à accompagner leurs patients faute de moyens, faute de personnels ; où parfois, malgré les efforts des médecins et des infirmiers, on meurt dans les couloirs des urgences sans avoir été pris en charge ? Comment pouvons-nous croire que ce système de soins-ci sera en mesure d’absorber la charge de travail et la charge psychologique, que la réalisation humaine d’un geste aussi grave implique ? Comment pouvons-nous croire que l’euthanasie ou le suicide assisté seront réalisés dans le respect de ce que la loi prévoit, sans risque d’approximations ou de raccourcis ? Mais aussi, comment pouvons-nous imposer aux soignants d’être ainsi tiraillés entre le geste qui soigne, auquel ils ont consacré leur vie, et celui qui tue ?


D’autre part, le parcours naturel de toute loi sociétale est de voir son champ d’application s’élargir au fil du temps, de sorte qu’en l’espace d’une génération, un texte qui ne concernait que quelques cas exceptionnels devient d’application bien plus vaste.


Pouvons-nous vraiment croire que le cadre fixé aujourd’hui demeurera inchangé pour les années à venir ? Et le premier critère à disparaître – qui a déjà disparu, en à peine quelques jours d’examen du texte en Commission spéciale à l’Assemblée nationale ! – ne sera-t-il pas celui d’un pronostic vital engagé, ouvrant ainsi la voie à l’euthanasie ou au suicide assisté pour des personnes en situation de handicap ou de dépression ? Le texte qui arrive au Parlement est déjà méconnaissable par rapport à ce qui nous a été présenté il y a un mois, tous – y compris les auteurs de la première mouture du projet de loi – le reconnaissent. Qui nous garantira vraiment, durablement, que la France ne suivra pas dans les prochaines années le même chemin que les autres pays, dont la promptitude à euthanasier nous choque à juste titre ?

Pour nous, l’interdit de tuer demeure un principe fondateur de la société et l’ouverture d’une brèche dans cet interdit comporte le risque énorme de voir se multiplier les cas d’exception qui auront été admis en très petit nombre dans le projet de loi initial. La référence légale ici instituée exonère la décision morale que cet interdit a pour vocation d’encadrer.

Croyants et non croyants, citoyens que nous sommes, nous sommes nombreux à ne pas pouvoir nous résoudre à ce changement définitif de paradigme. Nous avons déjà manifesté à de nombreuses reprises combien, davantage qu’une aide à mourir, c’est d’une aide à vivre dont notre société a besoin. S’il existe encore une liberté à conquérir, c’est, aujourd’hui, la liberté de ne pas être poussé vers la sortie, de bénéficier de tous les soins, de toutes les cures possibles jusqu’à ce qu’il ne soit plus raisonnable d’aller plus loin. S’il existe encore un droit à reconnaître, c’est le droit d’être considéré comme une personne vivante, une histoire unique, une dignité ineffaçable, jusqu’au bout. La mort n’est là que quand la vie s’est éteinte, pas avant. Les changements sémantiques ne pourront jamais cacher que l’« aide fraternelle à mourir » est toujours la mort donnée par autrui, même si cet autrui est un collège professionnel.


Oui, en réalité la question qui nous est posée aujourd’hui est celle du regard que nous portons sur les personnes en fin de vie. Ne devrions-nous pas leur témoigner humanité et tendresse, en leur démontrant avec la simplicité et l’efficacité des gestes du soin qu’elles sont, comme les plus vulnérables, les membres les plus précieux de notre corps social ? Ce que nous croyons, le témoignage que nous voulons porter, avec tous ceux qui sont engagés depuis des années dans cet accompagnement, c’est que le progrès et l’humanité d’une société se mesurent aussi à la manière dont elle considère les plus faibles, les plus petits et les plus fragiles, à la place qu’elle leur fait, à l’attention qu’elle leur manifeste.


Il existe aujourd’hui des moyens sans cesse en progrès qui permettent précisément cela : lutter contre la douleur, accompagner fraternellement, éviter toute forme d’acharnement thérapeutique. Ces moyens qui ont déjà été introduits dans la loi précédente Claeys-Leonetti et qui ont fait leurs preuves, peuvent et doivent être davantage appliqués ; c’est la dette de notre société vis-à-vis des personnes malades que de s’y employer, avant que de céder à la tentation d’une fuite en avant qui entretiendra davantage l’angoisse et les conflits que l’apaisement auquel tous aspirent.

Mgr Laurent Ulrich
Archevêque de Paris

Sans…

Je m’interroge souvent sur les motifs profonds de mes pratiques – attachement à l’Eucharistie, temps de prière, engagements paroissiaux… –, craignant de les observer pour de mauvaises raisons. Avec le besoin inavoué  d’être « dans les règles », par exemple, comme le pharisien si content de lui, exposant au Seigneur sa parfaite observance. Ou pour soigner ma propre estime de moi et entretenir à bon compte mes petites vanités. Certes, me dis-je, je suis d’abord portée par mon attachement à l’Évangile et par le désir de suivre Celui qui est « le Chemin, la Vérité, la Vie ». Je sais aussi que la pratique personnelle n’a de sens que vécue en communauté ecclésiale. Une communauté fidèle et faillible, comme moi ; vivant sa foi avec constance en dépit des chutes et des errances, comme moi.

Néanmoins, mon malaise persistant, j’ai imaginé – juste imaginé, hein ! – qu’il y avait peut-être une (bonne ? mauvaise ?) façon de vérifier : tout laisser tomber. Vivre sans tout ça : messes, oraisons, engagements et le reste. Prier avec l’humour irrévérencieux de Jacques Prévert : « Notre Père, qui êtes aux cieux, restez-y ! Et nous, nous resterons sur la terre, qui est quelquefois si jolie. » Oui, vivre sans Dieu. Pour voir. Des tas de gens font ça très bien, non ? Profiter, en écartant les questionnements importuns, des divertissements de la vie – il y a largement de quoi s’occuper ! Vivre sans Verbe fait chair, sans Christ Ressuscité. Sans salutation de l’ange, sans premier-né dans la mangeoire, sans mages guidés par une étoile. Sans vin aux noces de Cana. Sans discours sur la montagne Sans brebis perdue et retrouvée. Sans démons expulsés, sans lépreux purifiés, sans aveugles qui voient et sans boiteux qui dansent. Sans pain rompu, sans vin offert. Sans montée au Calvaire, sans mains et pieds cloués, sans ténèbres sur la terre. Sans pierre roulée, sans tombeau vide, sans matin dans un jardin. Sans silhouette sur le rivage devant un feu de braises où grillent des poissons, sans disciple dans la barque, soufflant aux autres : « C’est le Seigneur ».

Vous l’aurez compris : c’est tout vu ! Parce qu’il suffit d’évoquer ces récits familiers – et pourtant, à chaque écoute, d’une si bouleversante nouveauté – pour sentir notre cœur brûler comme celui des deux hommes marchant vers Emmaüs. Je poursuivrai donc mon chemin de foi, peut-être parfois pour de mauvaises raisons, mais toujours avec vous, compagnes et compagnons de route ! Je conserverai en mémoire cette parabole que j’aime particulièrement : celle du champ où croissent ensemble le bon grain et la mauvaise herbe. Et j’attendrai dans la confiance le jour de la Moisson.

   Marie-Hélène D.

Jean 21, 7-9
Matthieu 13, 24-30

Conférence Sœur Anne Lécu

Dimanche 18 Mai à 16h30

Religieuse dominicaine, auteur de plusieurs livres de spiritualité, dont récemment, à partir du prophète Elie, « Le Seigneur n’était pas dans le feu » (Cerf), sœur Anne Lécu exerce la médecine dans une maison d’arrêt d’Ile-de-France depuis 1997.
Dans le cadre des conférences de notre paroisse, Saint-Jean-Baptiste de Belleville (Paris 19, métro Jourdain), elle nous emmène le dimanche 18 mai à 16h30 sur les chemins de l’Espérance, thème de l’année jubilaire : « De quoi l’espérance chrétienne est-elle le nom ? Certainement pas du fait que  »ça ira mieux demain », car elle naît dans la nuit, au pied de la croix, devant un tombeau où repose le corps du Seigneur. Aussi est-ce peut-être du côté de la nuit, de la non-évidence, du murmure, qu’il faut en chercher la trace »

Qu’est-ce qu’un « homme de Dieu » ? Qui est Élie, le prophète adversaire des prophètes de métier ? Pourquoi l’Éternel lui donne-t-il pour mission de renverser les idoles qui ravagent son temps et hantent notre quotidien ? Comment le cherche-t-il dans le feu, la tempête, le tremblement de terre, mais en vain ? Et comment le trouve-t-il aux confins du silence ?
Il fallait Anne Lécu pour nous restituer, vivant, ce prédicateur zélé de l’unique vrai Dieu et nous faire les compagnons, vécus, de son périple où il récapitule chaque étape fondamentale et chaque épisode crucial de la Révélation biblique. Passeur entre le Sinaï de Moïse et le Thabor de Jésus, le veilleur solitaire de l’Horeb et du Carmel ne va cesser d’inspirer toute vocation à cheminer avec le Très-Haut. Et les leçons de sa ferveur contemplative, de se transmettre à nous dans la discrétion du silence.

Si ce livre apporte des clés historiques, exégétiques, patristiques qui font de nous les contemporains d’Élie, il ne compose pas moins une cantate mystique par les fulgurances poétiques qu’il offre. Un texte-événement !

Premier message du Pape Léon  XIV. «La paix soit avec vous tous!»

Chers frères et sœurs, c’est la première salutation du Christ ressuscité, le Bon pasteur qui a donné sa vie pour le troupeau de Dieu. Je voudrais moi aussi que ce salut de paix entre dans vos cœurs, qu’il parvienne à vos familles, à tous les hommes, où qu’ils soient, à tous les peuples, à toute la terre. Que la paix soit avec vous!

C’est la paix du Christ ressuscité, une paix désarmée et une paix désarmante, humble et persévérante. Elle vient de Dieu, de Dieu qui nous aime tous inconditionnellement.

Nous entendons encore dans nos oreilles cette voix faible mais toujours courageuse du Pape François bénissant Rome!

Le Pape bénissant Rome a donné sa bénédiction au monde, au monde entier, ce matin de Pâques. Permettez-moi de poursuivre cette même bénédiction: Dieu nous aime, Dieu vous aime tous, et le mal ne prévaudra pas! Nous sommes tous entre les mains de Dieu. C’est pourquoi, sans crainte, unis main dans la main avec Dieu et les uns avec les autres, allons de l’avant. Nous sommes les disciples du Christ. Le Christ nous précède. Le monde a besoin de sa lumière. L’humanité a besoin de Lui comme un pont vers Dieu et son amour. Aidez-vous aussi les uns les autres à construire des ponts, par le dialogue, par la rencontre, tous unis pour être un seul peuple toujours dans la paix. Merci au Pape François!

Lumière éblouissante de la Résurrection

J’aime la lumière éblouissante du matin de Pâques. Pour garder en moi cette joie qui me transporte, j’essaie de méditer sur ce que la vie, au fil des années, m’a fait connaître de plus semblable à une « résurrection » : la guérison d’un proche après une grave maladie, la joie d’une amitié retrouvée après une période de doute, ou le retour à la vie d’un ou d’une collègue, qui a connu une phase d’errance inquiétante. De même, quand je cherche à sortir d’une série de maladresses et de fautes, commises dans un contexte de doutes et de tensions, que je reconnais mes fautes et que je les regrette, à cause de la peine que j’ai pu causer autour de moi, c’est déjà un soulagement pour mes proches et pour moi-même ! Pour eux, c’est déjà l’espoir d’une  renaissance de ma part, et d’un retour à des relations apaisées entre nous. Pour moi, c’est comme une guérison.

Ce n’est pas par hasard que Jésus compare si souvent le péché à la maladie et à la mort ! Comme le dit le père du fils prodigue : « Mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ! » (Luc 15,24), et ce constat lui sert de réponse à son fils aîné, et d’explication à la raison d’être du festin qu’il est en train de donner pour l’occasion. A l’inverse, le fils aîné, pris dans son quotidien du devoir accompli, et dans sa routine de mille petites tâches, à effectuer quoi qu’il arrive, en arrive à ne pas voir du tout le changement d’état d’esprit de son frère, parti il y a quelque temps pour « faire la fête », et revenu affamé, plein de remords, et d’une authentique contrition : « Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils, traite-moi comme l’un de tes serviteurs ! », dit-il à son père (Luc, 15, 19). Le fils prodigue accepte de mourir à lui-même, pour renaître à l’amour de son père et de ses proches, et pour retrouver ainsi l’amour du Seigneur, que son père représente si bien ici.

Je pense aussi au « bon larron », qui fait remarquer à son voisin : « Pour nous, c’est justice, nous payons nos actes, mais lui, il n’a rien fait de mal. » (Luc, 23, 41). Priant Jésus de penser à lui quand il entrerait dans son Royaume, il reçoit aussitôt de Lui la promesse d’être au paradis le soir même.

Tout n’est pas si différent pour nous, puisque nous nous efforçons de suivre toujours la même tradition, une tradition déjà bimillénaire, en mettant nos pas dans les pas des innombrables chrétiens qui nous ont précédés. Autrement, livrés à notre entendement « basique », nous serions au moins aussi démunis et désemparés en lisant ce récit, que les apôtres ont dû l’être au matin du troisième jour : ils ont commencé par trouver « délirants » les propos des femmes qui leur rapportaient la réponse de l’ange du Seigneur, au sujet de l’absence du corps de Jésus dans le tombeau : « Il n’est pas ici, mais il est ressuscité. » (Luc 23,6). Ils ne pouvaient les croire ! Mais très vite, ils ont reçu la grâce de croire : la résurrection, qui les avait d’abord remplis de stupeur ou laissés dubitatifs, comme Thomas, était devenue la source d’une joie incommensurable, d’une énergie sans faille et d’une foi invincible, qui allaient devenir leurs forces pour toujours, et leur permettre de transmettre inlassablement la Bonne Nouvelle, jusqu’aux extrémités de la Terre, et jusqu’à la fin de leur vie !

Marie

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