Dimanche 20 novembre 2022 – Christ, Roi de l’Univers – Année C
Messe à Saint Jean-Baptiste de Belleville (19e)
– 2 S 5,1-3. Ps 121, 1-6 ; Col 1,12-20 ; Lc 23,35-43
D’après transcription
Ce sont des bonnes nouvelles que nous entendons à travers les lectures de ce jour, qui concernent Jésus le Christ, que nous appelons Roi de l’Univers. Bonnes nouvelles qui disent qu’il est d’abord un homme au milieu de nous. C’est dans la première lecture, le deuxième livre de Samuel, dont nous avons lu un court passage, que nous tirons ceci. Le roi, le roi d’Israël, David – celui dont on dit par ailleurs que Jésus descend – Jésus fils de David. Ce roi il est l’un de nous, dit la lecture. Les chefs des différentes tribus, les chefs du peuple, qui s’approchent de David pour le choisir comme roi lui disent : « Nous sommes de tes os et de ta chair ». Nous sommes des tiens, tu es des nôtres, et nous allons faire alliance si tu veux bien maintenant prendre le commandement de notre peuple et assurer le bien, le bien-être, la justice de notre peuple, dans notre peuple. Mais ce roi est un homme comme nous, comme les autres. Et David nous sera présenté tout au long de l’Écriture biblique comme un homme simple, un homme qui est capable aussi, comme nous, de faire le mal et de péché. Un homme capable aussi de reconnaitre qu’il a mal fait, qu’il a mal agit, devant Dieu et devant les hommes. Voilà cet homme-là, qui ne cherche pas à être comme une statue déjà bien parfaite, bien finie, toute auréolée de gloire. Cet homme-là est choisi pour être chef de sa nation, chef de son peuple, roi. Il n’est pour l’instant que le roi de son peuple.
Le Christ que nous acclamons aujourd’hui nous l’appelons Roi de l’Univers. Il est sans péché mais il prend le péché de tous, il est l’un de nous aussi, c’est ainsi que Dieu l’a voulu.
Et voilà que dans l’Evangile, ce Roi de l’Univers nous le découvrons, ce matin, comme un roi crucifié, comme un roi condamné, comme un homme méprisé, comme un homme que les chefs du peuple insultent, que les soldats ont l’air de mépriser, en se moquant de lui, mais n’oubliez pas qu’il y a aussi le peuple qui est là, dans l’évangile de Luc, le peuple qui regarde ce qui se passe et ce qui va se passer. Faisons un effort d’imagination, mettons-nous dans ce peuple, regardons cet homme crucifié, allons-nous le regarder et le mépriser, le regarder et l’insulter ? C’est si facile de regarder avec mépris, avec insulte, celui qui ne peut plus se défendre. C’est si facile. Je sais que nous ne le faisons pas. Je sais que nous ôtons cela de notre tête bien sûr. Est-ce que nous serons aussi, comme les deux larrons qui sont là ? C’est-à-dire nous tournant vers lui en disant : fait preuve de ta puissance, descend au milieu de nous, règle toi-même, quasi magiquement, les problèmes auxquels nous sommes affrontés, permets nous d’en sortir. Oui nous avons raison de l’implorer pour sortir des difficultés dans lesquelles nous sommes. Et évidemment c’est celui qui est le bon larron qui nous indique la voie. Qui nous dit : tu es sans péché, quand nous regardons le Christ, et qui nous invite à être du côté de celui qui souffre, à côté de celui qui souffre, qui est dans la peine, dans la souffrance, qui sait le mépris qu’on lui porte, qui sait qu’on ne le respecte pas dans son humanité. Le bon larron accepte d’être là. Le bon larron accepte de tout recevoir de celui-là, qui souffre justement et qui, ayant pris le péché de tous, est en train d’obtenir à tous le pardon des péchés. Et le bon larron dit la belle phrase que nous connaissons : « Souviens-toi de moi quand tu seras dans ton paradis ». Souviens-toi de moi, de nous qui souffrons, toi qui souffre, toi qui est à nos côtés, toi qui ne nous abandonne pas, souviens-toi d’être toujours avec nous.
Dans l’évangile de Luc il est toujours question de présenter Jésus comme le grand miséricordieux, comme celui qui apporte un regard de bonté sur les événements et sur les gens, comme celui qui cherche toujours à rattraper, à accompagner celui qui est dans la douleur, celui qui est dans le péché. Il y a quelque temps nous avons lu l’histoire de Zachée. L’évangile de Luc présente toujours un Jésus rempli de miséricorde et d’attention, et là, jusqu’au dernier moment, il le manifeste. Alors qu’il est méprisé, non respecté, il dit : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis. Non seulement il promet au larron de se souvenir de lui, mais il lui dit : aujourd’hui, avec moi. Bien sûr c’est une promesse : « tu seras dans le paradis », c’est au futur, mais ce futur est déjà compensé par le « aujourd’hui, avec moi. » Au moment où nous mourrons tous les deux dit Jésus, tu es avec moi dans la souffrance et moi je suis avec toi dans la douleur. Dès aujourd’hui tu es avec moi et c’est la source de ton bonheur et de ta joie présente. C’est la source de ta transformation. C’est la source à laquelle tu peux t’abreuver pour savoir que tu es en train d’être transformer. Tu es en train de vivre sur un chemin de résurrection.
La deuxième lecture que nous avons entendue, confirme cela : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ. » tiré de la lettre aux Colossiens. Ce grand hymne à Dieu le Père qui nous dit d’une façon éloquente, forte, le Père nous a tiré des ténèbres. Il a voulu nous donner la lumière, il a voulu nous donner la lucidité sur ce que nous sommes mais aussi la lucidité sur la vocation qui est la nôtre de nous laisser transformer. Nous tirant des ténèbres il nous a introduit dans le Royaume de son fils. Comme en écho à cette parole de Jésus dans l’évangile : « Aujourd’hui avec moi, tu seras dans le paradis. »
C’est le baptême, frères et sœurs, qui fait de nous ces détenteurs de la promesse de Jésus. Nous sommes avec lui, et c’est dans notre fidélité à lui, qui nous donne de la lucidité sur le mal qui se commet et qui nous donne de la lucidité sur notre avenir avec lui. C’est notre fidélité à lui, notre désir de le suivre, de lui ressembler, d’être avec ceux qui souffrent et ceux qui peinent, qui est la source de notre transformation, de notre ouverture au bien qu’il promet à tous.
Gardons sérénité, gardons courage devant les difficultés de toutes les époques, et de la nôtre en particulier, dans les épreuves que traverse l’Église, dans les épreuves aussi que nous traversons et que d’autres traversent à travers tant d’événements qui peuvent les détourner du bien que Dieu veut pour tous. Il y a tant de façons de souffrir dans le monde des hommes, que notre fidélité au Christ, notre désir d’habiter avec lui tous les jours de notre vie, se vivent dans cette proximité avec ceux qui souffrent.
Que le Seigneur soit béni de nous avoir introduit dans son royaume, dont nous sommes humblement, pauvrement, les témoins.