Édito

Photo paroissiale

à l’heure du couvre-feu

Sur cette photo paroissiale, que voit-on ? des visages heureux, baissant le masque le temps d’un sourire ? Ou bien des visages soucieux en raison de l’épreuve que nous traversons ensemble ?
L’arrivée des vaccins nous donne un peu de baume au cœur, annonçant une issue, une brèche dans cet avenir bouché. Mais le motif de notre espérance est plus profond. Par l’Esprit Saint, le chrétien est appelé à ne pas avoir peur de sa peur, à ne pas baisser les bras devant des murs trop
hauts. Le chrétien n’est pas un optimiste de nature ; il regarde la réalité en face, avec toute sa complexité et ses mélanges d’ombre et de lumière.
Parfois, il voit bien que l’ombre envahit tout. Et là, plus que jamais, il est invité à entrer dans le temps de l’espérance : derrière ces nuages noirs, il y a un soleil. Au-delà de nos chutes et de nos péchés, de nos peurs et de nos angoisses, il y a Toi, Seigneur, au fond de nos âmes. Tu nous illumines alors de l’intérieur.
Cette lumière divine, Sainte Geneviève l’a portée en elle. Samedi dernier, nous avons vécu un beau temps de louange et de méditation autour de ses reliques. Sur cette photo paroissiale en temps de couvre-feu, nous pouvons voir d’autres évènements heureux : les confirmations des jeunes de l’aumônerie ce dimanche, célébrées par notre vicaire général, le père Benoist de Sinety ainsi que la messe des familles animée par les enfants de 4 à 12 ans, et présidée par Mgr Phillipe Marsset. On peut se réjouir aussi de l’avancée du premier module du parcours « Redécouverte » avec ses 20 participants, dont une dizaine de confirmands adultes. Les nombreux baptêmes d’adultes qui se profilent à l’horizon ravivent notre enthousiasme.
Les fleurs embellissent toujours notre église ; les chorales continuent de nous faire prier et chanter, et votre participation à l’eucharistie contribue à cette énergie collective qui compte double actuellement.
La vie est là ! Dieu est là ! Il passe dans notre paroisse, et il continue son œuvre, il guérit, il délivre, il apaise, il pardonne. Il transforme nos soucis en sourires. Dans l’évangile de ce dimanche, il est écrit que « la ville entière se pressait à la porte. Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ». Ensemble, pressons-nous près de Jésus, Lui notre Espérance.

P. Baptiste Loevenbruck


REGARD L’AUTRE

ACCUEIL WELCOME

24 janvier 2019 – 23 janvier 2021, 2 années qui ont vu se succéder chez nous Rolandi, Nayan, Khodadad, Nabeel et Abbas. 5 jeunes, 5 volontés farouches de s’intégrer, 5 façons résilientes de vivre les tracas du quotidien, 5 preuves que des réfugiés peuvent être une chance pour notre pays.
Au-delà de l’admiration que je peux avoir pour ces jeunes, et même si tout n’a pas forcément été évident au jour le jour, je constate que, si le bénéfice pour les réfugiés est direct (hébergement, partage de repas, pratique du français au quotidien…), les accueillants reçoivent eux aussi un bénéfice.

Il y a d’abord la satisfaction de vivre un projet familial car nous sommes 4 à accueillir : mon mari et moi mais également deux de nos grands fils. Ces histoires vécues ensemble sont un ciment de plus, s’il en était besoin, entre nous.

J’ajouterai combien il est fort de réussir à relier des convictions sociales et politiques et des pans de son quotidien : la tragédie des réfugiés, le traitement insupportable auquel ils sont soumis nous révoltent. Pouvoir agir, même de façon ponctuelle, est vital !

La Bible, AT comme NT, donne des indications très précises sur ce qu’un croyant doit faire : pour cela aussi, je suis heureuse de mettre en conformité ma foi et mes actions. Juste 2 citations parmi d’autres : « L’étranger qui réside avec vous sera pour vous comme un compatriote et tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers au pays d’Égypte » (Lévitique 19, 34) ; Matthieu 25, 35 « j’étais un étranger et vous m’avez accueilli ».

L’accueil de ces réfugiés est régulièrement l’occasion d’échanges très riches avec nos familles, nos amis, nos voisins. Lors de ces échanges, nous avons souvent entendu des témoignages touchants qui nous les ont fait découvrir sous un jour nouveau.

Les temps en commun avec ces amis du bout du monde sont comme des fenêtres largement ouvertes : ils parlent non des raisons de leur fuite mais de leur pays et des pays traversés, leur famille parfois, des rencontres, des boulots qu’ils ont pu trouver… Nous voyageons en les écoutant.
Nos papilles voyagent aussi quand Rolandi nous fait découvrir les graines de sarrasin ou Nayan certaines épices, adoptées depuis !

Ces moments de partage (repas, jeux, match de foot à la télé, balade, fête de Noël et du Nouvel An) sont une invitation à l’amitié, et leur joie quand les cartes de séjour arrivent est également la nôtre : 2 fois, nous avons eu l’occasion d’arroser ces précieux sésames, quel bonheur ! D’ailleurs, après leur départ, nous avons parfois de leurs nouvelles et c’est un signe qui ne trompe pas.

Pour terminer une petite anecdote toute récente. Abbas qui vient de changer de famille d’accueil, est maçon carreleur. Alors que nous dressions le plat de lasagnes et que je m’appliquais tant bien que mal à tailler les plaques de lasagnes, Abbas, l’oeil malicieux, m’a fait remarquer que je ferais une piètre carreleuse !

Pour toutes ces raisons, nous poursuivons en famille cet engagement, d’autant plus que nous sentons une vraie évolution : nous avons certainement appris à mieux vivre ces accueils et l’accompagnement proposé par JRS a évolué, mieux ciblé, plus présent, rassurant. Pour toutes ces raisons, nous souhaitons que d’autres puissent s’engager à leur tour dans ce beau projet.

Isabelle Churlaud