Retraite en Montagne et Arbres de Dieu
J’ai fait la semaine dernière l’expérience des bienfaits d’une retraite en silence selon les exercices spirituels de Saint-Ignace. Dans ce cadre, je m’étais arrêtée pour la première fois sur un arbre, un térébinthe (Jg 6, 11). Certainement marquée par elle, j’ai perçu dans les textes du jour une invitation de Dieu à la croissance spirituelle. Et il m’a semblé que pour nous aider, il nous invitait à nous tourner cette fois vers un palmier et un cèdre du Liban. Que disent-ils du juste ? Quels sont leurs fruits ?
Je rends grâce aux contributeurs de Wikipédia qui ont facilité mes recherches de botaniste en herbe… J’ai ainsi découvert que le mot « palmier » recouvre une diversité importante d’arbres, qui grandissent sans anneaux de croissance, au soleil, dans le désert, droit, sans ramification. J’ai retenu du cèdre du Liban sa croissance lente, sa longévité millénaire, ainsi qu’une particularité marquante : le cèdre croit d’abord dans sa hauteur (port pyramidal) pour ensuite s’étendre horizontalement (port étalé). Ces nouvelles connaissances m’ont donné matière à réfléchir sur ce qui pourrait caractériser la croissance spirituelle d’un juste (Ps 92).
Je me suis dit que le juste tient du palmier qu’on ne le reconnaît ni à son âge, ni à son physique car la croissance spirituelle ne marque pas la chair, au contraire, et qu’il se distingue par la lisibilité de son élan vers le Dieu. Le cèdre m’a invitée à lui reconnaître la vertu de patience et d’humilité, à reconnaître la nécessaire lenteur de la croissance spirituelle, et ses étapes : une croissance « verticale » vers Soi, et vers Dieu devant qui il s’incline ; et une croissance « horizontale » vers les autres, une fois bien ancré(e).
Le palmier comme le cèdre sont des grands arbres, contrairement au térébinthe (pistachier) qui est un arbrisseau. Mais quelle que soit la grandeur, tous portent du fruit, dans une fécondité multiple qui dépasse l’usage comestible des dattes et des pistaches !
Le bois est utile – celui du térébinthe sert en marqueterie, celui du palmier sert à la construction de maisons vernaculaires et de vêtements (à partir des fibres). Le Temple de Jérusalem et la Maison de David était construits en bois de cèdre.
La résine aussi est précieuse – on obtient du vernis, du contre-poison, de l’anti-sceptique et même des friandises de celle du térébinthe ; de celle du cèdre, on obtient de l’encens (comme de l’écorce du térébinthe). Le palmier et le térébinthe fournissent de l’huile comestible, celle du cèdre prévient des infections et des inflammations.
Ainsi un seul arbre, par ses composantes, pour donner à l’homme de quoi manger, célébrer, prier, guérir, protéger, conserver, assouplir… Dieu ne nous inviterait-il pas chacun a en faire autant (sans nous spécialiser) par nos manières d’être, d’interagir, de faire ?
Découvrir la multiplicité des usages d’un arbre m’a ouvert à une nouvelle lecture de la fécondité, qui dépasse les fruits du travail et/ou de la parentalité pour englober toutes les parties de la personne et ses désirs : l’expression artistique, le bricolage, le soin, la reconnaissance des torts et vertus, la capacité à écouter, apaiser, aimer, prier.
En ce dernier dimanche avant le Carême, je nous souhaite à tous une belle croissance (spirituelle), à l’image des arbres de Dieu.
Pauline HÉNAFF, pour le Groupe Laudato Si’