Parmi mes lectures de l’été, un titre m’a particulièrement touchée, un petit livre de moins de cent vingt pages, facile, clair, lumineux. Son titre à lui seul est tout un programme : Célébration de la vie imparfaite. Son auteur étant présenté comme « un grand maître de la spiritualité contemporaine », je me suis plongée, avec autant de confiance que de curiosité, dans son « invitation à accepter mes fragilités » et… à me comparer à une huître !
Ce coquillage ne produit une perle précieuse que lorsqu’il est blessé par une impureté, un grain de sable, qui l’a pénétré. Il s’en défend alors en l’enrobant de nacre. La perle est une blessure cicatrisée. D’où la question de l’auteur : « Combien de blessures portons-nous en nous ? Combien de substances impures nous habitent ? (…) Qu’en faisons-nous ? Comment les vivons-nous ? »
En se basant sur de nombreux passages des Écritures, Paolo Scquizzato rappelle que Dieu se manifeste constamment dans les situations imparfaites – voire carrément pécheresses. Qu’il s’introduit au cœur de vies blessées pour faire avancer l’histoire du salut. Qu’il ne cesse d’envelopper nos fautes, nos manques, nos ratages, de la substance cicatrisante de son amour. Et que ce que nous nommons notre péché est justement le lieu où cet amour se manifeste dans toute sa plénitude. Une idée fondamentale pour moi, qui ai justement tant de mal à me laisser aimer ! Car, souligne l’auteur : « Se convertir ne veut pas dire arrêter de pécher, mais faire l’expérience de l’amour de Dieu dans notre péché. »
Que mes limites et mes faiblesses soient la voie pour parvenir à ce que nous appelons le salut, que mes fautes puissent devenir un lieu d’action de grâce, cette vision des choses est plus que rassurante, elle est carrément joyeuse. En harmonie avec la première des béatitudes : « Heureux les pauvres ! » Reconnaître mes pauvretés et les remettre en toute simplicité entre les mains du Père devient alors un – long, lent, hésitant mais bien réel – chemin de sainteté.
Alors je me dis que, comme une enfant – et l’Évangile ne nous invite-t-il pas à devenir comme des enfants ? –, je vais désormais collectionner les multiples grains de sable et petits cailloux que j’accumule au cours des journées comme des perles en devenir, et les laisser s’enrober dans la nacre très pure de la miséricorde. Et si toutes et tous nous en faisons autant, c’est avec un immense sautoir aux innombrables rangs, fait de myriades et de myriades de perles précieuses, que nous entrerons dans le Royaume !
Marie-Hélène D.