La paroisse organise un pèlerinage à Lisieux, et hop, cent-cinquante paroissiens s’inscrivent ! Dimanche dernier, nous nous retrouvons sur le parvis.  Cap sur Lisieux ! Pourquoi aller sur les pas de Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, morte à l’âge de 24 ans, en 1897, de la tuberculose, au carmel de Lisieux, où elle aura passé neuf années ? Pourquoi nous rapprocher de la petite carmélite normande, docteure de l’Église, qui écrivit Histoire d’une âme, un des livres les plus lus de l’histoire après la Bible et Harry Potter, alors qu’elle n’avait jamais reçu d’enseignement théologique ? Les saints portent ce monde dans leurs prières et l’illuminent, mais ils ne changent pas tout seuls ; ils ont vécu des choses proches de ce que nous vivons, ils se convertissent avec le secours de Dieu. Nous allons à Lisieux parce que nous sommes tous appelés à la sainteté !

  Après la messe à la Basilique, et un déjeuner nous avons reçu un court enseignement du Fr. Jean-Alexandre autour des cinq points essentiels de la dynamique thérésienne, qui nous font passer du désir à la réalité, puis à la confiance, à la miséricorde, et enfin à l’incarnation dans les gestes quotidiens. Lors de la visite de la Basilique, notre guide, passionnée nous révèle les mystères des vitraux et nous parle de cette surprenante petite Thérèse, qui guide, conseille, console et se donne sans mesure. Nous sera-t-il donné, à nous, de comprendre, ne serait-ce qu’une infime partie de son exceptionnel élan d’amour envers Jésus ?

   A la crypte se trouve la chapelle dédiée à Louis et Zélie Martin, les parents de Thérèse. C’est le premier couple canonisé non martyr, et ils ne sont pas tombés l’un sur l’autre par hasard : avant de se connaître, ils désiraient tous deux, être religieux, mais l’église n’a pas voulu d’eux. Ils se marient et décident de vivre « comme frère et sœur », dans une continence perpétuelle. Leur confesseur les en dissuade, heureusement pour nous, et ils ont finalement neuf enfants, dont quatre meurent en bas âge. Leur parcours singulier nous laisse penser que Thérèse a vécu dans une famille qui savait ce qu’aimer veut dire… Le bon Dieu m’a donné un père et une mère plus dignes du Ciel que de la Terre, écrivait-elle. Nous nous regroupons autour de la châsse. La guitare nous invite doucement à entrer dans le chant et la prière. Au sein de l’intimité de la famille Martin, nos cœurs, riches des grâces de cette journée, s’ouvrent dans le recueillement, les larmes, de reconnaissance ou de joie… Nous vivons la simple intensité de la communauté. Nous déposons nos intentions de prière. Dans le car qui nous ramène à Paris, les langues se délient et de magnifiques témoignages se succèdent, comme autant de cadeaux partagés. Thérèse, tu nous as cueillis. Et quand on parle de fleurs, n’est-ce pas un peu de cette pluie de roses que tu voulais faire tomber après ta mort ? Ton regard d’amour et de confiance, comme un voile bienfaisant s’est posé sur nous, le temps d’une journée. Et maintenant, au travail ! La sainteté, ça se mérite. 

Yves et Marion B.