Mois : mars 2025

MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LE CARÊME 2025

Marchons ensemble dans l’espérance

Chers frères et sœurs, avec le signe pénitentiel des cendres sur la tête, nous commençons le pèlerinage annuel du Saint Carême dans la foi et dans l’espérance. L’Église, mère et maîtresse, nous invite à préparer nos cœurs et à nous ouvrir à la grâce de Dieu pour que nous puissions célébrer dans la joie le triomphe pascal du Christ-Seigneur, sur le péché et sur la mort. Saint Paul le proclame : « La mort a été engloutie dans la victoire. Ô Mort, où est ta victoire ? Ô Mort, où est-il, ton aiguillon ? » ( 1 Co 15, 54-55). En effet, Jésus-Christ, mort et ressuscité, est le centre de notre foi et le garant de la grande promesse du Père qu’est la vie éternelle déjà réalisée en son Fils bien-aimé (cf. Jn 10, 28 ; 17, 3). [1]

Je voudrais proposer à l’occasion de ce Carême, enrichi par la grâce de l’année jubilaire, quelques réflexions sur ce que signifie marcher ensemble dans l’espérance, et découvrir les appels à la conversion que la miséricorde de Dieu adresse à tous, en tant qu’individus comme en tant que communautés.

Tout d’abord, marcher. La devise du Jubilé, “pèlerins de l’espérance”, nous rappelle le long voyage du peuple d’Israël vers la Terre promise, raconté dans le livre de l’Exode : une marche difficile de l’esclavage à la liberté, voulue et guidée par le Seigneur qui aime son peuple et lui est toujours fidèle. Et nous ne pouvons pas évoquer l’exode biblique sans penser à tant de frères et sœurs qui, aujourd’hui, fuient des situations de misère et de violence, partant à la recherche d’une vie meilleure pour eux-mêmes et pour leurs êtres chers. Un premier appel à la conversion apparaît ici car, dans la vie, nous sommes tous des pèlerins. Chacun peut se demander : comment est-ce que je me laisse interpeller par cette condition ? Suis-je vraiment en chemin ou plutôt paralysé, statique, dans la peur et manquant d’espérance, ou bien encore installé dans ma zone de confort ? Est-ce que je cherche des chemins de libération des situations de péché et de manque de dignité ? Ce serait un bon exercice de Carême que de nous confronter à la réalité concrète d’un migrant ou d’un pèlerin, et de nous laisser toucher de manière à découvrir ce que Dieu nous demande pour être de meilleurs voyageurs vers la maison du Père. Ce serait un bon “test” pour le marcheur.

En second lieu, faisons ce chemin ensemble. Marcher ensemble, être synodal, telle est la vocation de l’Église. [2] Les chrétiens sont appelés à faire route ensemble, jamais comme des voyageurs solitaires. L’Esprit Saint nous pousse à sortir de nous-mêmes pour aller vers Dieu et vers nos frères et sœurs, et à ne jamais nous refermer sur nous-mêmes. [3] Marcher ensemble c’est être des tisseurs d’unité à partir de notre commune dignité d’enfants de Dieu (cf. Ga 3,26-28) ; c’est avancer côte à côte, sans piétiner ni dominer l’autre, sans nourrir d’envies ni d’hypocrisies, sans laisser quiconque à la traîne ou se sentir exclu. Allons dans la même direction, vers le même but, en nous écoutant les uns les autres avec amour et patience.

En ce Carême, Dieu nous demande de vérifier si dans notre vie, dans nos familles, dans les lieux où nous travaillons, dans les communautés paroissiales ou religieuses, nous sommes capables de cheminer avec les autres, d’écouter, de dépasser la tentation de nous ancrer dans notre autoréférentialité et de nous préoccuper seulement de nos propres besoins. Demandons-nous devant le Seigneur si nous sommes capables de travailler ensemble, évêques, prêtres, personnes consacrées et laïcs, au service du Royaume de Dieu ; si nous avons une attitude d’accueil, avec des gestes concrets envers ceux qui nous approchent et ceux qui sont loin ; si nous faisons en sorte que les personnes se sentent faire partie intégrante de la communauté ou si nous les maintenons en marge. [4] Ceci est un deuxième appel : la conversion à la synodalité.

Troisièmement, faisons ce chemin ensemble dans l’espérance d’une promesse. Que l’ espérance qui ne déçoit pas (cf. Rm 5, 5), le message central du Jubilé [5], soit pour nous l’horizon du chemin de
Carême vers la victoire de Pâques. Comme nous l’a enseigné le Pape Benoît XVI dans l’encyclique Spe salvi : « L’être humain a besoin de l’amour inconditionnel. Il a besoin de la certitude qui lui fait dire : “Ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ” ( Rm 8, 38-39) ». [6] Jésus, notre amour et notre espérance, est ressuscité, [7] il vit et règne glorieusement. La mort a été transformée en victoire, et c’est là que réside la foi et la grande espérance des chrétiens : la résurrection du Christ !

Et voici le troisième appel à la conversion : celui de l’espérance, de la confiance en Dieu et en sa grande promesse, la vie éternelle. Nous devons nous demander : ai-je la conviction que Dieu pardonne mes péchés ? Ou bien est-ce que j’agis comme si je pouvais me sauver moi-même ? Est-ce que j’aspire au salut et est-ce que j’invoque l’aide de Dieu pour l’obtenir ? Est-ce que je vis concrètement l’espérance qui m’aide à lire les événements de l’histoire et qui me pousse à m’engager pour la justice, la fraternité, le soin de la maison commune, en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte ?

Sœurs et frères, grâce à l’amour de Dieu en Jésus-Christ, nous sommes gardés dans l’espérance qui ne déçoit pas (cf. Rm 5, 5). L’espérance est “l’ancre de l’âme”, sûre et indéfectible. [8] C’est en elle que l’Église prie pour que « tous les hommes soient sauvés » ( 1Tm 2,4) et qu’elle attend d’être dans la gloire du ciel, unie au Christ, son époux. C’est ainsi que s’exprime sainte Thérèse de Jésus : « Espère, ô mon âme, espère. Tu ignores le jour et l’heure. Veille soigneusement, tout passe avec rapidité quoique ton impatience rende douteux ce qui est certain, et long un temps très court » (Exclamations de l’âme à son Dieu, 15, 3). [9] Que la Vierge Marie, Mère de l’Espérance, intercède pour nous et nous accompagne sur le chemin du Carême.

Rome, Saint-Jean-de-Latran, 6 février 2025, mémoire de Saint Paul Miki et ses compagnons, martyrs.

FRANÇOIS

[1] Cf. Lett. enc. Dilexit nos (24 ottobre 2024), n. 220

[2] Cf. Homélie de la messe de canonisation des Bienheureux Giovanni Battista Scalabrini e Artemide Zatti, 9 octobre 2022.

[3] Cf. Idem.

[4] Cf. Ibid.

[5] Cf. Bulle Spes non confundit, n. 1.

[6] Lett. enc. Spe salvi (30 novembre 2007), n. 26.

[7] Cf. Séquence du dimanche de Pâques.

[8] Cf. Catéchisme de l’Église catholique, n. 1820.

[9] Idem., n. 1821.

Le jour du seigneur à Saint Jean Baptiste de Belleville

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Messe du 9 mars 2025 à Paris – Jour du Seigneur

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Chaque arbre se reconnaît à son fruit

Retraite en Montagne et Arbres de Dieu

J’ai fait la semaine dernière l’expérience des bienfaits d’une retraite en silence selon les exercices spirituels de Saint-Ignace. Dans ce cadre, je m’étais arrêtée pour la première fois sur un arbre, un térébinthe (Jg 6, 11). Certainement marquée par elle, j’ai perçu dans les textes du jour une invitation de Dieu à la croissance spirituelle. Et il m’a semblé que pour nous aider, il nous invitait à nous tourner cette fois vers un palmier et un cèdre du Liban. Que disent-ils du juste ? Quels sont leurs fruits ?

Je rends grâce aux contributeurs de Wikipédia qui ont facilité mes recherches de botaniste en herbe… J’ai ainsi découvert que le mot « palmier » recouvre une diversité importante d’arbres, qui grandissent sans anneaux de croissance, au soleil, dans le désert, droit, sans ramification. J’ai retenu du cèdre du Liban sa croissance lente, sa longévité millénaire, ainsi qu’une particularité marquante : le cèdre croit d’abord dans sa hauteur (port pyramidal) pour ensuite s’étendre horizontalement (port étalé). Ces nouvelles connaissances m’ont donné matière à réfléchir sur ce qui pourrait caractériser la croissance spirituelle d’un juste (Ps 92).

Je me suis dit que le juste tient du palmier qu’on ne le reconnaît ni à son âge, ni à son physique car la croissance spirituelle ne marque pas la chair, au contraire, et qu’il se distingue par la lisibilité de son élan vers le Dieu. Le cèdre m’a invitée à lui reconnaître la vertu de patience et d’humilité, à reconnaître la nécessaire lenteur de la croissance spirituelle, et ses étapes : une croissance « verticale » vers Soi, et vers Dieu devant qui il s’incline ; et une croissance « horizontale » vers les autres, une fois bien ancré(e).

Le palmier comme le cèdre sont des grands arbres, contrairement au térébinthe (pistachier) qui est un arbrisseau. Mais quelle que soit la grandeur, tous portent du fruit, dans une fécondité multiple qui dépasse l’usage comestible des dattes et des pistaches !

Le bois est utile – celui du térébinthe sert en marqueterie, celui du palmier sert à la construction de maisons vernaculaires et de vêtements (à partir des fibres). Le Temple de Jérusalem et la Maison de David était construits en bois de cèdre.

La résine aussi est précieuse – on obtient du vernis, du contre-poison, de l’anti-sceptique et même des friandises de celle du térébinthe ; de celle du cèdre, on obtient de l’encens (comme de l’écorce du térébinthe). Le palmier et le térébinthe fournissent de l’huile comestible, celle du cèdre prévient des infections et des inflammations.

Ainsi un seul arbre, par ses composantes, pour donner à l’homme de quoi manger, célébrer, prier, guérir, protéger, conserver, assouplir… Dieu ne nous inviterait-il pas chacun a en faire autant (sans nous spécialiser) par nos manières d’être, d’interagir, de faire ?

Découvrir la multiplicité des usages d’un arbre m’a ouvert à une nouvelle lecture de la fécondité, qui dépasse les fruits du travail et/ou de la parentalité pour englober toutes les parties de la personne et ses désirs : l’expression artistique, le bricolage, le soin, la reconnaissance des torts et vertus, la capacité à écouter, apaiser, aimer, prier.

En ce dernier dimanche avant le Carême, je nous souhaite à tous une belle croissance (spirituelle), à l’image des arbres de Dieu.

Pauline HÉNAFF, pour le Groupe Laudato Si’

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