Il est 5h00, Paris s’éveille…Heu ! Non, le monastère s’éveille dans l’obscurité. Des silhouettes furtives se hâtent vers la chapelle pour l’Office des Vigiles à 5h30. Peu à peu paraissent les premières lueurs du jour. Ensuite, six autres offices vont rythmer la journée de la vie de l’Eglise. Mais la Liturgie des Heures n’est pas uniquement réservée aux moines et aux moniales. Elle concerne le clergé séculier, les ordres religieux non cloîtrés de toute sorte, les personnes consacrées etc. Cette prière est offerte à tous les baptisés. Elle est une source de la vie spirituelle et apostolique pour chacun. Elle apporte non seulement de la gratuité mais aussi une respiration dans nos journées. Bien sûr, elle requiert une certaine souplesse, une adaptation à nos rythmes contemporains. Où et quand ? Il existe tellement de possibilités…Il m’est arrivé de prier l’Office des Vêpres, avec un ami prêtre, dans le métro. Nous alternions, à voix basse, les versets des psaumes et, semble-t-il, cela n’a dérangé personne.
La prière de la Liturgie des Heures permet de répondre à « l’heure de Dieu ». Elle nous fait sortir de notre subjectivité et de nos états d’âme. Lors de ma consécration dans l’Ordre des vierges, j’ai reçu les quatre volumes de la Liturgie des Heures avec ces mots : « Recevez le livre de la prière de l’Église ; ne cessez jamais de louer votre Dieu ni t’intercéder pour le salut du monde ». Cela m’a tout de suite installée dans cette mission. Je sais que je suis à la fois solitaire et solidaire : si je prie en solitude, je sais que je ne suis pas seule, mais reliée à tous ceux et celles qui prient la Liturgie des Heures.
Qui pourrait dire la richesse inépuisable des hymnes, des psaumes, des lectures bibliques et patristiques ? Tout est nouveau à chaque instant. J’aime me laisser surprendre par telle ou telle hymne harmonisée par Jean-Baptiste Musset pour les Voix du Jourdain. Je m’approprie souvent tel ou tel verset de psaume pour crier vers Dieu ma détresse, implorer sa miséricorde, témoigner ma reconnaissance. Pas besoin de chercher les mots en moi, je les ai sous les yeux.
Dans un ouvrage récent*, Olivier-Marie Sarr, abbé bénédictin de Keur Moussa (Sénégal) assure « qu’il est indispensable de décider de prier, le désir de prier ne suffit pas » et d’ajouter « la prière n’est pas un problème de temps mais un problème d’amour, nous savons trouver du temps pour ce qui est essentiel ».
La Liturgie des Heures ? Telle une petite abeille, j’en fais mon miel chaque jour.
Brigitte


