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LE SIGNE DE CROIX

Deux droites en intersection : c’est le signe le plus simple, le plus universel que l’on puisse imaginer (il n’y a guère que le cercle qui soit aussi simple). Et c’est ce qui explique le succès du signe de croix. C’est un geste d’appartenance. Un geste de respect. Un geste d’exorcisme, aussi. Et un geste de Foi : professer la Sainte Trinité, Père, Fils, et Saint-Esprit. Symboliquement, la partie haute (le Ciel) rencontre la partie basse (la Terre). Au milieu, au point d’intersection des deux droites : c’est le Christ, trait d’union, point de contact entre deux mondes – celui de Dieu, celui des Hommes, . 

Comment donner toute sa profondeur au signe de croix, trop souvent résumé à un rapide va-et-vient entre front et poitrine ? Quelques pistes :

1°) “La première prière que la Sainte Vierge va nous montrer, eh bien, c’est de faire un beau signe de croix. Et, très lentement, la Vierge Marie va faire un majestueux et lent signe de croix, [avec] un visage de prière et de méditation” raconteront les petites filles voyant la Mère du Sauveur lors de ses apparitions à l’Île-Bouchard en 1947. Bernadette de Lourdes a vu exactement la même chose. Alors, à l’école de la Vierge (quelle meilleure prof?), entraînons-nous à faire des signes de croix très lents, très profonds, très solennels.

2°) Tête et poitrine : ok. Mais pourquoi ne pas descendre plus bas? L’Ancien Testament n’a que le mot “entrailles” à la bouche. “Mon Dieu, voilà ce que j’aime : ta loi me tient aux entrailles “ dit par exemple le Psaume 39. J’ai personnellement petit à petit décidé de faire descendre mon signe jusqu’en-dessous du nombril, au point que les Japonais appellent hara, centre du souffle de vie. Non plus seulement tête – cœur, mais tête – cœur- entrailles. Enracinons nos signes de croix!

3°) Imaginons maintenant que vos doigts soient un couteau… Vous vous tranchez symboliquement le corps. Le signe de croix, c’est aussi s’ouvrir, s’ouvrir en deux, s’ouvrir entièrement à Jésus, dans une disponibilité, une offrande totale.

4°) Faire le signe de croix devant un crucifix, c’est être en résonnance, en miroir avec le Christ. Mimer sur soi la Passion. En tant que corps du Christ, accepter d’être partie prenante de ses souffrances sur la croix. D’être avec Lui, tout simplement – à ses côtés, dans ce moment de douleur ultime. Ce sacrifice, nous l’actualisons, l’accueillons chaque jour par ce simple geste. Et ce faisant, nous transformons la Croix – qui est par excellence le symbole du malheur, de la souffrance, de l’échec, de la mort, de l’humiliation et de l’anéantissement ultimes – en semence nouvelle, en Résurrection, en victoire contre le Mal, en affirmation d’une vie nouvelle, une vie éternelle en Christ.

Ludovic

On n’est pas chrétien tout seul (ni toute seule) !

J’ai la joie de faire partie depuis plusieurs années de la Communauté de Vie Chrétienne (CVX), une très belle communauté de croyants et croyantes «  cherchant à unifier leur vie quotidienne et leur foi ,  ainsi qu’à trouver Dieu dans l’action , à la suite d’Ignace de Loyola. »

Nous partageons à partir d’une petite communauté locale un espace spirituel vivant où, à la faveur d’une relecture personnelle de nos existences, nous nous invitons mutuellement à discerner l’œuvre de Dieu dans nos vies.

Lors de notre dernière rencontre, nous avons préparé notre relecture à partir du Psaume 8 et notamment cette phrase « Qu’est donc le mortel, que tu veuilles le visiter ? » J’ai peu de mots pour exprimer comment le témoignage de chacun et nos interpellations fraternelles sont venus s’épanouir en un bouquet de grâces, reçues et données, le partage de l’un venant ouvrir une porte à l’autre et réciproquement. Nous avons terminé cette réunion en rendant grâce car vraiment, l’Esprit Saint était venu visiter nos bouches et nos cœurs.

Les jours suivants, c’est encore pleine de gratitude pour ces moments vécus qu’une foule de souvenirs d’expériences spirituelles fortes s’est représentée à mon esprit.

Le dénominateur commun, à quelques exceptions près, était le terreau communautaire. Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours participé au-delà d’une vie paroissiale à des groupes chrétiens : Action Catholique des Enfants, Jeunesse Ouvrière Chrétienne, aumôneries, groupe d’arpentage de lectures des confessions de Saint Augustin, groupe des jeunes mariés (Les mariés de Belleville si certains s’en souviennent !), Alpha Couple, Cœur de maman avec l’OCH… J’en oublie certainement.

Ce que je n’oublierai jamais, c’est  à quel point le témoignage de mes frères et sœurs en Christ m’a portée, bousculée, consolée, fait réfléchir et grandir dans ma foi. Ce creuset est un trésor que je suis heureuse de voir, à sa façon, se perpétuer à travers l’expérience que vit ma fille aînée avec le MEJ (Mouvement Eucharistique des Jeunes).

Et je peux dire que ces groupes m’ont permis, dans des moments extrêmement  difficiles de ma vie , de voir un phare dans la nuit.

Nous avons une paroisse qui offre des possibilités aussi riches que foisonnantes de se regrouper  pour crier notre amour du Christ, le MCR, le patronage des jeunes, le groupe de louange, du Vin au Divin et tant d’autres !

Avons-nous conscience de notre chance?
Rendons grâce et exultons ensemble.

Aline

2025, jubiler ensemble

Nous voici entrés dans un nouveau cycle ! Après les années de l’attente du retour dans Notre-Dame, après une dernière année particulièrement active dans notre pastorale diocésaine (les Jeux Olympiques et Paralympiques qui ont suscité Holy Games, la Rencontre internationale pour la paix de Sant’Egidio, et l’octave de la réouverture), nous sommes désormais à l’unisson de toute l’Église catholique pour célébrer, comme chaque quart de siècle, le jubilé de l’Incarnation du Sauveur. Le Pape a ouvert, le jour même de Noël à Rome, cette année jubilaire qu’il avait annoncée dans sa belle lettre, la Bulle d’indiction Spes non confundit (l’espérance ne déçoit pas). Pour ma part, j’ai célébré cette ouverture pour le diocèse de Paris au jour de l’Épiphanie. Je voudrais dans cette lettre vous présenter cette année jubilaire, vous inviter à la vivre en profondeur.

La grâce d’une cathédrale [1] !

Mais revenons un moment sur la grâce de ces événements du début décembre à Notre-Dame. De prime abord, la renommée mondiale de notre cathédrale lui faisait courir un risque fort, celui de voir notre église-mère disparaître sous une montagne d’éloges culturels et patrimoniaux, mais nous avons pu donner avec force et simplicité le témoignage de notre foi. Oui, notre cathédrale est disposée à accueillir tous ceux qui désirent la visiter ou lui adresser un hommage reconnaissant, mais c’est parce qu’elle a une vocation universelle qu’elle puise dans la prière chrétienne, dans la célébration du mystère du Christ qui donne sa vie pour la multitude.

Ensuite, la force de notre liturgie catholique s’exprime dans une ritualité qui met en lumière cette relation qui nous tourne sans cesse vers le Christ : ouvrir solennellement la porte du sanctuaire, c’est frapper à la porte du Christ qui, en nous devançant, frappe à la nôtre. Faire répondre l’orgue aux invocations de la prière, c’est montrer que nous ne nous félicitons pas d’avoir un instrument de concert, mais dire que la prière chrétienne use de tous les ressorts de l’expression artistique. Tourner autour de l’autel pour le revêtir de l’huile de force et de joie, l’honorer de l’encens et le parer de la lumière, c’est apprêter cette œuvre d’art à recevoir le trésor le plus précieux : le Christ donnant Sa vie. Tous ces gestes ont parlé à des millions de personnes à travers le monde, sans qu’il soit besoin de longues explications : le monde entier a vu cela et en a été réjoui, le cœur de chacun a pu en être consolé au milieu des troubles et inquiétudes de l’époque.

Mais je veux aussi m’arrêter un instant sur la signification propre de cette semaine d’octave. Le samedi 7 décembre au soir pour l’office de vêpres, comme le dimanche 8 au matin pour l’eucharistie, alors que les places étaient comptées, j’avais tenu à ce qu’il y ait une représentation de tout ce qui compose le diocèse de Paris ! Il est vrai que cela ne se voyait pas beaucoup à l’écran – sauf grâce aux magnifiques bannières ! – parce que chaque entité était représentée par un tout petit nombre de participants, mais j’ai bien retrouvé sous les voûtes de Notre-Dame le peuple de Dieu lors de ces cérémonies de réouverture, loin de l’image que certains ont voulu en donner, d’un rassemblement des grands de ce monde. J’ai voulu que le peuple de Dieu soit présent, cette fois bien plus nombreux, dans la semaine qui a suivi. C’est pourquoi j’avais eu cette idée d’une messe solennelle par jour, parfois redoublée par celle du soir : des prêtres aux pompiers et compagnons, des religieux, religieuses et consacrés jusqu’aux aux jeunes, en passant par les donateurs, les personnes en situation de précarité, les salariés de l’Église et les bénévoles du diocèse. C’était dire que l’Église est une mosaïque qui cherche – et ce n’est pas toujours sans embûches – à devenir sous l’impulsion de l’Esprit Saint une harmonie inspirée et inspirante. C’est là que commence la synodalité ! Ne nous méprenons pas, la synodalité ne prend pas naissance dans les structures plus ou moins ajustées et réformables de l’Église, mais dans la vie d’une communauté qui se sait diverse, multiple. Ensemble, veillons à ce que nos communautés chrétiennes présentent autant que possible ce visage d’une vraie diversité d’âges, de situations sociales et d’engagements.

Dans notre cathédrale à présent ouverte, tous les jours, parmi les milliers de visiteurs, il se trouve des pèlerins qui viennent prier, et des visiteurs qui deviennent pèlerins, qui sont saisis par le mystère de Notre-Dame et demandent qui le baptême, qui l’eucharistie ou la confirmation, qui le sacrement de pénitence et réconciliation. Notre-Dame est toujours un lieu spirituel, un lieu de prière. La vénération de la sainte Couronne d’épines, la prière devant le Saint sacrement dans le chœur animent la vie de ce haut-lieu et l’on tâche d’y préserver le recueillement. Vous, chers diocésains, venez à Notre-Dame, elle est votre église-mère ! Vous y êtes chez vous pour accueillir les visiteurs de partout, pour prier pour eux. C’est une belle mission pour vous, pour nous.

Lors de la célébration d’entrée dans l’année jubilaire pour notre diocèse, en la solennité de l’Épiphanie à la cathédrale, nous avons vécu fort heureusement une fête des peuples : plus d’une vingtaine de nationalités étaient représentées par des délégations des communautés catholiques issues de la migration. Ces communautés sont présentes dans nos paroisses. Nous mesurons que ces situations de migrants sont difficiles à vivre : quitter la terre où l’on est né, que la raison de ce départ soit économique ou politique, se couper de ses racines familiales, devoir habiter dans une autre culture et façon de vivre, voilà qui est extrêmement rude. Ce qui est demandé aux communautés paroissiales, comme à chacun d’entre nous, c’est de savoir accueillir, protéger, accompagner et intégrer ces personnes migrantes. Intégrer, cela ne veut pas dire assimiler à notre culture et faire oublier la culture d’où l’on vient, mais faire en sorte que la rencontre soit possible et respectueuse de l’histoire de chacun. Les communautés chrétiennes sont des lieux pour favoriser cela ; je ne dis pas que cela soit simple, mais c’est un signe évangélique à vivre, c’est une tâche ecclésiale et synodale, nous en reparlerons plus loin.

Jubiler

Et maintenant, commençons à marcher ensemble d’un bon pas sur ce chemin d’une année jubilaire.
Puisque nous sommes invités à la démarche du Jubilé, nous pourrons nous communiquer les uns aux autres la joie de trouver dans le Christ Lui-même la force de l’espérance. Celle-ci ne vient pas de nos réussites personnelles, de nos satisfactions de groupe autosuffisantes, mais de la confiance que nous faisons au Seigneur. Nous avons appris qu’Il ne nous abandonne jamais et nous voyons dans le monde fracassé par les guerres, les appétits de pouvoir politique ou économique et les catastrophes, que des peuples réagissent, gardent courage et capacité de combattre pour espérer la paix, la liberté et le goût de reconstruire. Pour nous, l’espérance repose en définitive sur la certitude du salut en Jésus-Christ ; je cite ici la lettre [2] que nous, évêques de France, avons publiée au terme de notre assemblée plénière de novembre dernier. Et, citant saint Jean [3], nous ajoutions : « Nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru. » C’est cette espérance-là que nous annonçons, elle nous permet de voir déjà ce que nous attendons. C’est bien Dieu qui s’est manifesté en Jésus : « Sans cesser d’être Dieu, il ne craint pas de s’abaisser jusqu’à assumer notre humanité et à prendre sur lui notre faiblesse et nos péchés, pour nous en délivrer et nous restaurer dans l’harmonie où Il nous avait établis, avec Lui, entre nous et avec toute la Création. »

Notre joie, c’est d’appartenir au Christ, c’est de vivre au plus près de Lui, l’admirant dans Sa vie terrestre, nous efforçant de l’écouter, de le suivre et ne faisant pas mystère de notre amitié pour Lui quand il nous est donné l’occasion de la montrer.

De façon providentielle cette année, la fête de Pâques sera à la même date pour les chrétiens d’Orient et pour ceux d’Occident. Cela arrive assez rarement, mais c’est une occasion de témoignage et peut-être d’une réconciliation entre nous sur ce sujet de désaccord historique. En tout cas, nous célébrerons la Résurrection du Seigneur, dans l’après-midi de ce jour de Pâques, le 20 avril prochain, à Notre-Dame, avec nos frères et sœurs des autres Églises : vous êtes déjà invités à vous joindre à cette fête où nous les rencontrerons avec joie.

Nous ferons aussi mémoire du Concile œcuménique de Nicée, premier de son genre, tenu en 325, alors que l’édit de tolérance du christianisme dans l’empire romain datait seulement d’un peu plus de dix ans ! La foi exprimée dans le Credo qui en est issu est commune à l’immense majorité des Églises et communautés chrétiennes, elle est un point solide de convergence œcuménique. Elle invite à « garder le regard fixé sur Jésus, visage humain de Dieu et visage divin de l’homme [4]. » Tu veux connaître qui est Dieu, regarde Jésus ; tu veux connaître qui est l’homme (tel que Dieu le désire), regarde aussi Jésus ! C’est cela même qu’exprime, dans notre Credo dit de Nicée-Constantinople, le mot de « consubstantiel ». Comprenons-nous bien qu’en s’incarnant, Dieu veut faire corps avec nous et que la vocation de l’être humain appelé à la sainteté, c’est de donner déjà une image de Dieu ? Les Pères de l’Église le disaient autrement, de façon encore plus forte qui peut nous surprendre : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit divinisé. ». Non pas pour que l’homme se prenne pour un dieu, mais pour qu’il soit complètement transformé, sauvé et habité entièrement par le projet de Dieu.

On entend parfois dire qu’il faut défendre la foi chrétienne, défendre contre notre monde les valeurs du christianisme et l’Église qui les porte ; je crois vraiment que notre combat consiste plutôt à protéger l’homme, victime des idoles de la puissance et de la domination, à porter le témoignage de ce que nous croyons être à la hauteur de la dignité de l’homme, et à refuser toujours l’utilisation du nom de Dieu à des fins violentes et conquérantes. Contrairement à un sentiment qui se diffuse, ici ou là, l’Église n’est pas à l’abandon ; elle se sait petite et toujours fragile, mais elle est animée d’une ferveur priante, missionnaire et fraternelle.

Vivre notre vie chrétienne avec les sacrements

Je n’oublie pas que je vous ai encouragés à développer une nouvelle compréhension, une intelligence renouvelée de la vie sacramentelle comme force missionnaire, signe fraternel et facteur de communion. Quand les sacrements sont réduits à n’être que des signes d’identité, ils se dévitalisent eux-mêmes ; quand ils ne sont que des témoins de conformité morale, on finit par se désintéresser d’une pratique devenue formaliste. Beaucoup ont cessé de les pratiquer en raison même de cette réduction.

L’expérience sacramentelle dit bien autre chose ! Quand nous allons sur les traces de Jésus – et il est bon d’y aller, notamment en ces temps difficiles pour les habitants du pays de Jésus qui ont besoin que nous leur montrions notre amitié, notre prière partagée avec eux – nous pouvons lire à plusieurs endroits : ici, Dieu a pris chair ; ici, le Sauveur est mort pour nos péchés ; ici, le Christ est ressuscité. Et nous nous sentons proches de Lui, nous comprenons ce que peut signifier concrètement de faire route avec Lui, sur la terre que ses pieds ont foulée.

Dans les sacrements, c’est plutôt l’adverbe aujourd’hui que l’on peut utiliser. Aujourd’hui, je fais l’expérience de ce que signifie d’écouter la voix du Seigneur, de ce que veut dire le recevoir chez moi, d’entendre prononcer sur moi ses paroles de miséricorde et de pardon, d’être rendu capable de témoigner de Lui avec les frères et sœurs de l’Église, d’être rendu fort dans l’épreuve de la maladie, de trouver la paix du cœur par Lui et de vivre dans la communion avec Lui et en chemin avec les autres.

La vérité de l’expérience sacramentelle, vécue dans la foi, fonde en même temps l’espérance qui « n’est pas un optimisme vain, mais un don de la grâce dans le réalisme de la vie [5] » et la charité de plus en plus intense, de plus en plus ouverte.

Nous avons préparé un petit livret : Les sacrements, don de Dieu, source de vie missionnaire, source de vie fraternelle . Il s’est distribué déjà à plusieurs milliers d’exemplaires et des paroisses ont mis en route un cycle de plusieurs séances de formation, des petits groupes se sont constitués pour un parcours. J’ai suggéré à des personnes qui ont suivi le cycle de la Formation ecclésiale des baptisés de se porter volontaires pour accompagner ces parcours. J’avais aussi imaginé que pouvait être proposée une pédagogie du type des parcours Alpha (8 séances, à date rapprochée, un moment convivial, un temps de prière des participants, un enseignement et un partage pour intégrer l’enseignement, et une prière continue par quelques personnes qui accompagnent cette séance). Une vingtaine de vidéos, diffusées sur le site diocésain, permettent d’aborder de façon vivante chacun des thèmes pour accompagner ce parcours. D’autres initiatives peuvent être prises, j’y reviendrai à la fin de cette lettre.

Développer un esprit synodal

Ce n’est pas un effet de mode, ce n’est pas un nouveau conformisme, développer un esprit synodal est devenu une nécessité du témoignage de la foi. C’est le baptême qui nous unit dans l’expérience de la suite de Jésus ; quand l’aveugle Bartimée est guéri par Jésus de sa cécité [6], « il suivait Jésus sur le chemin », ce chemin où Jésus était avec une foule et ses disciples. Tous sont là ensemble.

Cela ne signifie pas qu’il y ait comme une masse informe, une foule indifférenciée : chacun a bien sa propre vocation – même si les disciples ici n’ont pas le beau rôle puisqu’ils essaient de tenir l’aveugle à distance de leur groupe – mais ils sont tous entraînés dans le témoignage donné puis rapporté par l’évangéliste. Il y a donc bien des ministres ordonnés, évêques, prêtres et diacres, pour constituer autour du Christ son Église fraternelle et missionnaire, par la Parole et les sacrements, et en veillant à la naissance et à la croissance de toutes les vocations chrétiennes. Il y a bien des religieux, religieuses et consacrés hommes et femmes, pour signifier cet appel particulier à une suite du Christ dans sa vie complètement donnée à Lui et aux frères et sœurs de toutes conditions, notamment les plus pauvres. Il y a bien des personnes qui vivent la fidélité au Christ dans leur mariage et répondent aussi à une vocation de Le servir, de L’aimer et de Le faire aimer en aimant leur conjoint et leurs enfants. Il y a bien des personnes qui vivent cette fidélité au Christ dans le célibat non consacré, et déploient dans leur vie et autour d’eux une fécondité spirituelle remarquable. Il y a bien des ministres institués ou reconnus par l’évêque pour répondre à des nécessités pastorales et missionnaires particulières, et il est heureux que nous puissions développer cela dans l’Église, prochainement.

L’Église demeure donc un ensemble structuré, organisé de telle sorte que sa vocation servante et missionnaire soit rendue toujours plus visible. Mais cela n’apparaît vraiment que si chacun dans sa propre vocation respecte profondément les autres vocations et les personnes qui les vivent. Une Église synodale c’est une Église qui est heureuse et fière de la grande diversité de ceux qui la composent : jeunes et vieux, pauvres et riches, autochtones ou étrangers, en bonne santé ou malades, doués de multiples aptitudes, porteurs de handicap… mais c’est aussi une Église reconnaissante à Dieu de chacune des vocations qu’Il a désiré y introduire. C’est pourquoi à Paris, nous prions pour « que les familles, les paroisses et tous les groupes chrétiens soient des lieux où s’épanouissent toutes les vocations [7]. »

Cette Église synodale a alors besoin de quelques structures et conseils qui lui permettent d’avancer, de s’ouvrir à des nouveautés, de garder son cap fidèlement et donc de décider ! Il lui importe aussi d’avoir des moments spécifiques qu’on appelle synodes ou conciles, comme cela est régulièrement le cas, et c’est alors plus solennel et décisif dans sa vie. Nous y reviendrons.

Dans cette perspective synodale et afin de préparer l’avenir, j’ai lancé en mars dernier une réflexion, pour notre diocèse, sur les effets à 10 ans des évolutions en cours, dans l’Église comme dans la société. En effet, les dynamiques démographiques et sociologiques à l’œuvre dans chaque quartier, l’évolution de la pratique religieuse, l’érosion du nombre de vocations, mais aussi la croissance du nombre de catéchumènes et de confirmands invitent à réfléchir à la vie des paroisses parisiennes de demain ainsi qu’à celle du diocèse : quelles adaptations ces évolutions appellent-elles pour maintenir et développer notre dynamique missionnaire à l’horizon 2035 ?

J’ai confié cette mission “Prospective pour les Paroisses de Paris à l’horizon 2035” (3P2035) à une équipe composée d’une douzaine de personnes, de différents états de vie, hommes et femmes, sous la direction de Mgr François Gonon, vicaire général. Cette équipe de réflexion me remettra ses conclusions en juin prochain afin que je puisse décider des actions à engager dans l’avenir.

Comment participer à cette année jubilaire de l’espérance ?
Au cours de cette année jubilaire, nous avons la possibilité de nous rendre en pèlerinage à Rome, par exemple avec le diocèse, du lundi 24 au vendredi 28 février prochain : j’accompagnerai ce pèlerinage avec mes deux évêques auxiliaires. D’autres pèlerinages sont possibles en cours d’année. Il y aura aussi un jubilé à Rome pour les jeunes à la fin de juillet. On peut se renseigner sur le site diocésain [8].

Cette année 2025 marque aussi le 40e anniversaire du Séminaire de Paris et le 25e anniversaire de la Faculté Notre-Dame, fruits de l’heureuse intuition du cardinal Lustiger qu’il fallait repenser, pour notre diocèse, la formation des prêtres afin de les préparer à exercer le ministère sacerdotal dans le temps qui est le nôtre. Aujourd’hui, nous voulons rendre grâce au Seigneur pour les séminaristes, leurs formateurs, tous ceux qui portent le Séminaire par la prière, et pour ceux qui peuvent le soutenir financièrement. Au cours de la semaine du 24 mars, plusieurs événements marqueront cet anniversaire et nous permettront de regarder vers l’avenir : d’abord, au Collège des Bernardins, un concert, ce même 24 mars, une conférence le jeudi 27 et une journée d’études le vendredi 28, auxquels il est possible de participer. Je présiderai à Notre-Dame, le mardi 25 mars à 18h, en la solennité de l’Annonciation, une messe d’action de grâce pour le Séminaire et la Faculté, et je vous invite à vous y associer en nombre, physiquement si vous le pouvez en venant à la cathédrale, ou par la prière, la messe étant retransmise sur KTO.

Du vendredi 28 au dimanche 30 mars, se tiendra Ecclesia Cantic, congrès musical au service de la liturgie. Il rassemble des jeunes, des chorales, des groupes musicaux qui se mettent habituellement au service de la liturgie des paroisses et des groupes chrétiens. Ils s’entraînent, ils nous entraîneront, et ils donneront un grand concert final. Cela pourrait bien s’appeler : jubiler par le chant choral liturgique.

Du samedi 12 au jeudi 17 avril, aura lieu à Lourdes le Fraternel d’Île-de-France, autrement dit, le FRAT, pour les lycéens. Déjà plus de 13 500 sont inscrits, ce qui ne s’est jamais vu jusqu’à présent depuis 1908 ! Les séminaristes du Séminaire de Paris y seront présents, et moi-même j’y participerai pendant trois jours au moins, et je présiderai la messe des Rameaux ; les autres évêques de la province de Paris y participeront également. Nous y rencontrerons aussi le pèlerinage habituel de l’ABIIF, l’Association des Brancardiers et Infirmières d’Île-de-France. Si vous n’y êtes pas, vous pourrez en tout cas vous associer à la prière jubilaire de tous ces pèlerins. Ce sera bien un jubilé pour les jeunes que vous pourrez soutenir par la prière, et peut-être par la participation financière… à cette rencontre où vous aurez des enfants et des petits enfants !

Pour la première fois cette année, j’ai voulu proposer aux néophytes, les catéchumènes d’aujourd’hui qui s’apprêtent à recevoir le baptême, trois catéchèses sur les sacrements de Pâques, les 5, 12 et 19 mai en l’église Saint-Séverin, données par Mgr Philippe Marsset et Mgr Emmanuel Tois, évêques auxiliaires, et moi-même. Elles ne s’adressent pas seulement à ceux qui viennent de vivre ces sacrements, et je vous invite largement à y assister ; ce sera aussi le moment de témoigner à nos frères et sœurs qui viennent d’entrer dans l’Église, toujours plus nombreux chaque année, notre désir de les accueillir et de faire route avec eux sous la conduite de l’Esprit.

Je signale aussi que les évêques de la Province de Paris invitent tous les prêtres des huit diocèses d’Île-de-France à faire pèlerinage à Notre-Dame de Paris le jeudi 5 juin prochain, autour de figures de la sainteté qui ont eu un lien avec notre région.

Pour le 1700e anniversaire du Concile de Nicée, j’invite les paroisses, les prêtres et les diacres à prêcher tout particulièrement sur le Symbole de Nicée-Constantinople le dimanche 4 mai, qui sera le 3e dimanche de Pâques. Cet anniversaire donnera lieu à un pèlerinage diocésain sur le lieu de ce concile : c’est en Turquie, dans la ville actuelle d’Iznik. Ce pèlerinage aura lieu du 19 au 25 octobre et sera accompagné par Mgr Philippe Marsset.

Puis, le 8 et le 9 novembre, ce sera le Congrès Mission, désormais bien connu, qui se tiendra à Paris en un rassemblement unique cette fois-ci. Ce sera le dixième anniversaire de ce congrès qui a pris de l’ampleur et rassemble désormais beaucoup de forces vives de la mission dans notre pays. L’année passée, il a été vécu dans 140 lieux, diocèses et paroisses de France. Il est placé sous le signe du Jubilé de l’espérance et ouvrira presque directement sur l’événement suivant qui concerne davantage les jeunes adultes, étudiants et jeunes professionnels…

En effet, comme je viens de l’annoncer depuis Tallinn en Estonie, ce seront les rencontres européennes de Taizé, du 28 décembre 2025 au 1er janvier 2026, en coopération étroite avec tous les diocèses de l’Île-de-France (Province ecclésiastique de Paris), et avec le Conseil d’Églises chrétiennes en France (catholiques, protestants et orthodoxes). Depuis presque cinquante ans, la communauté de Taizé poursuit son pèlerinage de confiance sur la terre, et particulièrement en Europe. Nous serons bien sûr sollicités pour accueillir des jeunes ; nous en reparlerons en temps utile.

Pour ceux qui ne peuvent pas se rendre à Rome, ni dans un autre lieu de pèlerinage hors de chez nous, il existe à Paris six basiliques que j’ai désignées comme lieux jubilaires [9] : « Les églises jubilaires […] seront des oasis de spiritualité où l’on pourra se rafraichir sur le chemin de la foi et s’abreuver aux sources de l’espérance, avant tout en s’approchant du sacrement de la réconciliation, point de départ irremplaçable d’un véritable chemin de conversion [10]. »

Plusieurs prêtres diocésains ont déjà été nommés « missionnaires de la miséricorde » par le Saint-Père : « Lors du dernier Jubilé extraordinaire, j’ai institué les Missionnaires de la Miséricorde qui continuent àremplir une mission importante. Qu’ils exercent aussi leur ministère au cours du prochain Jubilé, en redonnant de l’espérance et en pardonnant chaque fois qu’un pécheur s’adresse àeux avec un coeur ouvert et une âme repentante. Qu’ils continuent à être des instruments de réconciliation et qu’ils aident à regarder l’avenir avec l’espérance du cœur qui vient de la miséricorde du Père [11]. »

Réjouissons-nous de ces occasions qui s’annoncent et de toute cette année jubilaire que nous venons de commencer. Elle est bien une grâce qui nous est offerte pour nous renouveler, pour nous laisser habiter davantage par l’espérance que le Christ met en nous ! Que Notre Dame soit notre guide et notre soutien ! Que le Seigneur bénisse chacun de vous et toute notre Église diocésaine, qu’Il étende sa bénédiction sur toute personne de bonne volonté.

Bonne année jubilaire de l’espérance !

Le 24 janvier 2025, en la mémoire de saint François de Sales,

† Laurent Ulrich
archevêque de Paris

Chandeleur

Si je vous dis : chandeleur, vous me répondez : crêpes, et ce n’est pas faux. Le 2 février est un moment convivial pour faire sauter des crêpes et les rattraper avec habileté pour qu’elles retombent dans la poêle. Vient ensuite la dégustation accompagnée de cidre breton, de préférence. C’est un détail, certes bien sympathique, mais qui n’est que secondaire quant aux fêtes célébrées ce jour-là.

La Présentation de Jésus au Temple manifeste l’obéissance de Marie et Joseph à la Loi. Selon la coutume juive, tout premier né masculin doit être présenté au Seigneur quarante jours après sa naissance. Jésus se conforme donc à la Loi, lui qui est né à un moment précis de l’Histoire, en un lieu précis er au sein d’un peuple précis, le Peuple Elu. La rencontre avec le vieillard Syméon et la prophétesse Anne est la rencontre des deux Testaments. Jésus entre dans l’antique temple, lui qui est le nouveau Temple de Dieu. Il vient visiter son peuple en portant à son accomplissement l’obéissance à la Loi.

C’est aussi la Fête de la lumière. Le vieillard Syméon, guidé par l’Esprit Saint, reconnaît, en Jésus l’accomplissement des promesses divines. Ce verset du Cantique de Syméon nous est familier : Lumière qui se révèle aux nations…verset chanté ou récité tous les soirs lors des complies. Le mot chandeleur vient d’ailleurs du mot chandelles, ces cierges qui sont portés en procession. Ils symbolisent la lumière et purifient les âmes.

La Fête de la Vie consacrée est une initiative de st Jean-Paul II. L’Eglise dédie le 2 février, fête de la Présentation de l’Enfant Jésus au Temple, à la Vie consacrée. Le but est de mettre en lumière et de célébrer le rôle des personnes engagées dans la vie consacrée au sein de l’Eglise.

Depuis 1997, Jean-Paul II, Benoît XVI et François ont envoyé des messages pour fêter la vie consacrée. Les textes sont très nombreux. J’en ai choisi deux : l’un de Benoît XVI et l’autre du pape François. Le 2 février 2011, Benoît XVI exhorte les consacrés à « écouter assidûment la Parole, parce que toute sagesse de vie naît de la Parole du Seigneur ! Scrutez la Parole par la lectio divina car la Vie consacrée naît de l’écoute de la Parole de Dieu et accueille l’Evangile comme règle de vie ». Et le 2 février 2019, François envoie ce tweet : « La vie consacrée est une rencontre vivante avec le Seigneur dans son peuple. C’est un appel à l’obéissance fidèle de chaque jour et aux surprises inédites de l’Esprit. C’est la vision qu’il sied d’embrasser pour avoir la joie ». Rendons grâce à Dieu pour toutes ces richesses.

Brigitte

DIEU NOUS PARLE !

En préparant cette chronique, j’ai retrouvé dans mes archives, un peu par hasard, un texte magnifique et pénétrant de quelqu’un que nombre d’entre vous connaissent bien… Je vous livre, en guise d’introduction, un extrait de ce texte paru en 2020.

« Il faut que par la lecture des Ecritures, le cœur soit circoncis progressivement, page après page, afin qu’il devienne de chair et batte aux dimensions de l’espérance de Dieu pour le monde. Il faut que la lecture des Ecritures dénonce les idoles de ce monde pour ouvrir les chemins d’une vie nouvelle, sur une terre nouvelle, sous des cieux nouveaux, marqués par la justice et la paix. L’Esprit ne peut vivifier ce que la lettre n’a pas incisé, circoncis. L’Esprit ne peut transfigurer sans que la lettre ait dénoncé. (…) Nous sommes appelés à profiter de ce dimanche de la Parole pour rendre contagieux notre amour de la Bible. »

Peut-être certains d’entre vous ont reconnu les mots et le style de l’auteur de ces lignes… Il s’agit de notre cher Père Eric Morin, curé de notre paroisse de 2003 à 2012 et actuellement Directeur de l’Ecole Cathédrale au Collège des Bernardins.

On ne pouvait trouver mieux pour commencer une réflexion sur le dimanche de la Parole ! Ce dimanche 26 janvier 2025 en est, en effet, à sa 6e édition depuis son instauration en 2019 par le pape François, chaque 3e dimanche du temps ordinaire.

Déjà la Constitution Dei Verbum du Concile Vatican II l’affirmait : « L’Ancien Testament est la Parole de Dieu ». Saint Augustin, dès les premiers siècles de l’Eglise, l’écrivait : «  Le Nouveau Testament est caché dans l’Ancien et l’Ancien est dévoilé dans le Nouveau. » Pas d’opposition donc entre l’Ancien et le Nouveau Testament mais bien plutôt une exigeante continuité de la Parole de Dieu depuis la Révélation sur le Mont Sinaï. Pour le dire autrement, en reprenant les mots du regretté Cardinal Aron Lustiger, la Promesse (Ancien Testament) et l’accomplissement (Nouveau Testament) s’éclairent mutuellement. La liturgie catholique a intégré, de façon heureuse, cet échange mutuel dans le dialogue établi à chaque Eucharistie entre la première lecture et l’Evangile.

Le dimanche de la Parole nous invite en même temps à renforcer nos liens avec la communauté juive. La Commission Biblique Pontificale le souligne clairement : « Les Saintes Ecritures du peuple juif constituent une partie essentielle de la Bible chrétienne. »

Quand Dieu parle, il agit. Et Il continue à nous parler aujourd’hui lorsqu’on écoute à la synagogue et à l’Eglise Sa Parole toujours vivante !

Edmond Sirvente

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