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Méditation sur un pot de crème

Une amie m’a offert récemment un gros pot de crème pour le corps. En l’ouvrant, j’ai découverts ces mots gravés sur le couvercle : « Your body, your soul, your rituals. » ¹ Ah, ces slogans publicitaires, ai-je pensé !
Certes, des rituels, j’en ai. Ceux du lever, ceux du coucher, et mes petits « rituels beauté », pour parler comme les magazines. Mais qu’est-ce que mon âme pouvait bien avoir à faire avec la cosmétique ? Puis j’ai songé que je ne la laissais pas à la porte, mon âme, en entrant dans la salle de bain ; elle est trop bien intégrée à mon corps. À moins que ce ne soit mon corps qui soit intégré à mon âme ? Bref, ils vont toujours ensemble, et le jour où ils n’iront plus ensemble, l’un des deux n’aura plus aucun besoin de crème revitalisante !

M’enduisant ensuite après la douche de ce produit, au demeurant fort agréable, j’ai songé que la peau chaude que je massais serait un jour aussi froide que la pierre. Du coup, j’en suis venue à méditer sur nos rites funéraires. Un corps mort, on ne le traite pas n’importe comment sous prétexte qu’il est mort. On le toilette, on l’habille. Car si, sans âme et donc sans vie, il n’est plus une personne, il reste la trace de l’être humain qu’il a été. Quelqu’un qui a vécu, corps et âme, une relation avec Dieu. D’où une nouvelle question : l’âme privée de son corps, que devient-elle ? Notre foi nous dit qu’elle passe par une nouvelle naissance, entrant ainsi dans la lumière de Dieu et dans l’attente de la résurrection de la chair. Alors, elle retrouvera son union naturelle avec le corps qui a été le sien. Autrement dit, nous croyons que notre corps participera lui aussi au bonheur qui nous est promis dans le Royaume pour l’éternité. Merveilleuse perspective, qui nous laisse cependant devant une vaste question : tout au long de cette attente, que se passe-t-il ?

Il n’a fallu que trois jours à Jésus pour que son corps d’homme soit définitivement réuni à sa nature divine. Le temps de descendre au séjour des morts et d’en remonter, entraînant avec lui toute l’humanité, comme le racontent ces icônes où le Ressuscité arrache Adam et Ève du tombeau en les tirant par la main. Mais pour nous ? D’après Saint Thomas d’Aquin, notre âme ne goutera pleinement la béatitude que lorsqu’elle sera réunie à son corps. Avec le Credo de Nicée-Constantinople, nous proclamons : « J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir ». Autrement dit, toute notre vie et même au-delà, nous sommes dans un immense Avent. Et dans une promesse. Car Dieu se serait-il donné la peine d’entrer dans la peau de notre humanité – et à quel prix ! – s’il n’avait pas voulu nous revêtir de sa divinité ? À quoi ne réfléchit-on pas à partir d’un banal pot de crème !

Marie-Hélène D.

¹« Ton corps, ton âme, tes rituels »

L’Épiphanie

Le terme grec épiphanie désigne une « manifestation », une « apparition », ou encore une « révélation ». Avant le christianisme, il s’agit d’un terme profane, utilisé dans le langage courant pour désigner une prise de conscience subite, un éclairage nouveau sur une situation (matérielle ou morale) assez obscure, une évidence… Le terme ‘‘épiphanie’’ a pu ainsi désigner la prise de conscience du mathématicien grec Archimède, quand il va énoncer, par son célèbre ‘‘Eurêka’’ (J’ai    trouvé !…), les bases d’une loi physique fondamentale, la ‘‘poussée d’Archimède.’’ A cette époque, le terme épiphanie faisait aussi allusion aux fêtes de la Lumière, qui commencent après le solstice d’hiver, et célèbrent l’allongement des jours, la présence du soleil auprès des hommes.

Dans l’Église catholique, l’Épiphanie célèbre le Messie, le Christ, le Fils de Dieu, qui est venu s’incarner dans le monde et s’est fait homme. En ce jour de l’Épiphanie, Jésus est manifesté aux yeux du monde. Voilà qu’il est véritablement ‘‘révélé’’ au monde, notamment par la présence et l’hommage des Rois Mages. Ces grands savants venus de l’Orient, ont appris la naissance de Jésus à Bethléem. Et, guidés par une étoile, ils viennent rendre hommage au Roi des Juifs, en lui apportant de riches présents, d’une grande valeur, à la fois réelle et symbolique.

L’Église catholique lie surtout l’Épiphanie à la visite des Rois Mages à l’Enfant Jésus. Dans l’Église orthodoxe, l’Épiphanie est plus souvent désignée par le terme ‘‘Théophanie’’, qui signifie ‘‘manifestation de Dieu’’, et elle est aussi une célébration du baptême de Jésus.

La célébration de cette fête dans la chrétienté est très ancienne, puisqu’elle existe depuis le IIème siècle !… La date de la célébration a longtemps été fixée au 6 janvier, puis au deuxième dimanche après Noël, quelle que soit la date de ce dimanche. Ainsi, dans les régions où le 6 janvier n’était pas un jour férié, les fidèles pouvaient fêter l’Épiphanie à la messe du deuxième dimanche après Noël. En France, la règle de fêter l’Épiphanie le 6 janvier a été appliquée depuis 1802, et par la suite, en 1971, le deuxième dimanche après Noël a été choisi comme date de l’Épiphanie.

Pour rester dans la joie de la présence du Seigneur parmi nous, cette prière anonyme nous aidera :

 Seigneur Jésus-Christ,

Toi qui as transformé la grisaille de ma vie quotidienne,

Pour faire surgir devant moi la lumière de Ta magnificence divine,

Fais-moi découvrir la puissance et l’éclat de Ta Résurrection,

Pour éclairer ma vie d’un jour nouveau, dans mon travail, mes déplacements,

Mes déceptions, mes relations, ma solitude, et dans la banalité de mon quotidien !…

Fais-moi reconnaître que, depuis le seuil de l’Éternité, tu es entré dans ma vie,

Afin de lui faire découvrir la douce lumière de ton amour, avec toutes ses exigences…

Marie

Noël est passé

Ca y est, Noël est arrivé ! Le Temps de l’Avent qui nous y préparait en travaillant le Pardon, la Foi, la Joie et la Paix a pris fin. On peut ajouter à ces valeurs celles de l’Amour, de la Simplicité, de la Sobriété, de l’Accueil du Pauvre – leçons de la crèche où est né le Divin Enfant.

Ce qui m’interroge depuis tant d’années, c’est l’écart grandissant entre ce Noël chrétien qui nous met en joie en paroisse, et le vécu réel de ce temps de Noël en famille.

•La pauvreté et la simplicité de la crèche sont confrontées à l’opulence des cadeaux et des repas, des déchets

•Le pardon, la paix et la joie sont confrontées à l’appréhension des retrouvailles des discussions avec le tonton jugé raciste, machiste, xénophobe ou d’extrême-droite ou avec la nièce gauchiste, végé ou vegan et féministe, avec le neveu trop libéral, avec le beau-frère trop « beauf », la cousine trop dépressive, la belle-fille qui a choisi Marie et non Marthe… sans parler des différences de caractères…

Noël met à l’épreuve nos capacités réelles d’accueil de la différence de l’autre, au sein de nos propres familles. Noël rassemble dans une même pièce des visions du monde aux antipodes, des inquiétudes… Comment espérer une situation politique stable si nous-mêmes n’arrivons pas à supporter la différence de l’autre le temps d’un repas ? Dans une période de tensions, qui exacerbe les positionnements politiques et militants des uns et des autres, comment réussir à nous désarmer intérieurement pendant quelques jours ?

Il y a un véritable enjeu à cela : le maintien de cette fête.

J’observe dans mon entourage déjà un certain recul. Certains ont jeté l’éponge, et ne fêtent plus Noël en famille, mais entre amis ou alors plus tard le 27 ou le 29 décembre. Certains subissent d’être privés de Noël car se retrouvent seul(e) quand les parents sont décédés, quand les enfants ont grandi et sont à l’étranger, ou dans la belle famille, ou quand les histoires de famille, aux séparations, aux non-dits ont triomphé…

Joyeux constat 4 jours après Noël me direz-vous… Si je le dresse, ce n’est pas avec l’idée d’accabler, mais de réveiller notre charité, notre espérance et notre créativité.

Comment continuer de faire croire à Noël ? Comment faire déborder l’Amour chrétien autour de nous à Noël ? Quelles voies pour ouvrir des voies ? Comment montrer l’exemple?

Sur internet vous trouverez de nombreux conseils de « Noël Laudato Si’  » pour lutter contre la déferlante d’objets flambant neufs et d’emballages, (objets de seconde main, les emballages en tissu, les cadeaux immatériels (massage, ciné, spectacles…)…)

Mais les idées de « Noël Fratelli Tutti » sont moins répandues : peut-on réapprendre à accueillir celles et ceux qui sont seuls pour Noël (pas juste en laissant une assiette symbolique) ? le temps d’un apéro ou du dessert pour commencer ? inciter nos amis militants à une trêve de Noël, les inciter à l’écoute ? Si nous avons la chance de vivre de vrais Joyeux Noëls, comment les ouvrir à celles et ceux qui en sont privés pour les y faire goûter ? Je n’ai pas de réponse, mais à l’heure des bonnes résolutions, nous avons maintenant un an pour y réfléchir.

Pauline HÉNAFF

Jesu Rex Admirabilis

       Ces trois mots : Jesu Rex Admirabilis introduisent la première strophe d’un motet du compositeur italien G.P. da Palestrina, (1524-1594). Ils expriment toute la richesse du Christ Roi : « Jésus, roi admirable et triomphateur plein de noblesse, douceur indicible, tout entier digne de notre amour. Reste avec nous, Seigneur, et illumine-nous de ta clarté. Chassant les ténèbres de notre esprit, emplis le monde de douceur ». Nous pouvons trouver cela magnifique, digne de notre admiration, mais peut-être aussi trop éloigné de la réalité.

       Le Christ n’est-il pas plutôt un roi de l’univers, humilié, enchaîné, flagellé, jugé comme un malfaiteur ? Quelle est vraiment la royauté de Jésus ? Les récits évangéliques de la Passion nous donnent des clefs pour comprendre qui est le Christ Roi. Le vêtement de pourpre dont le Christ est revêtu est celui que portent les empereurs romains. La couronne d’épines n’est pas la couronne de laurier décernée à un triomphateur, le roseau n’est pas un sceptre. Tout est dérision, humiliation, mépris. Le trône de gloire du Christ c’est la croix. Et puis il y a le dialogue entre Jésus et Pilate. « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus déclare : « c’est toi-même qui le dis ». « Ma royauté n’est pas de ce monde. Si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici ».

      Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face nous offre, me semble-t-il, une belle définition de la royauté du Christ : « J’ai compris ce qu’était la véritable gloire. Celui dont le royaume n’est pas de ce monde me montra que la vraie sagesse consiste à « vouloir être ignorée et comptée pour rien », à « mettre sa joie dans le mépris de soi-même »… Ms A, 71r°. Pour comprendre la royauté de Jésus, Thérèse nous invite à demeurer au pied de la Croix, à contempler sa Face…

     La fête du Christ Roi a été instituée en 1925 par le pape Pie XI pour affirmer la royauté du Christ dans un monde marqué par l’athéisme et la sécularisation. N’est-ce pas toujours d’actualité ?

Et lorsque, très bientôt, nous irons à Notre-Dame nous recueillir devant la Couronne d’épines ce sera comme une réponse à l’Ecce Homo, Voici l’Homme, prononcé par Ponce Pilate désignant le Christ couronné et flagellé: Roi humilié, roi glorieux, voici le Roi.

Brigitte

La lutte contre les violences sexuelles continue

Prions et agissons pour soutenir les personnes victimes et lutter contre les violences sexuelles dans les Églises

La démission du primat de l’Église d’Angleterre, l’archevêque de Canterbury Justin Welby, en réponse au rapport Makin qui révèle la dissimulation des crimes sexuels sur enfants pendant plus de dix ans, nous rappelle que la responsabilité de la sécurité des personnes incombe à la plus haute autorité. Nos pensées et nos prières accompagnent les personnes victimes de violences sexuelles dans l’Église d’Angleterre qui attendent reconnaissance et justice. 

Cette situation souligne la nécessité d’une vigilance constante pour améliorer la protection des personnes à tous les niveaux, dans toutes les institutions, y compris les institutions chrétiennes. En effet, comme le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) le montre, l’Église catholique est, hors les cercles familiaux et amicaux, le milieu dans lequel la prévalence des violences sexuelles est la plus élevée.

Comment lutter contre les violences sexuelles et promouvoir une culture de protection et de bienveillance au sein des Églises ?

Le 18 novembre est la Journée mondiale pour la prévention et la guérison de l’exploitation, des atteintes et des violences sexuelles visant les enfants. L’Église catholique de Belgique s’associe à cette journée pour renouveler son engagement envers les personnes victimes de violences sexuelles dans l’Église. La Conférence des évêques propose un acte pénitentiel et une prière universelle préparés ensemble avec des personnes victimes. L’évêque de Tournai pose une peinture réalisée par une personne victime dans la cathédrale pour faire mémoire des blessures infligées, du silence imposé et du chemin nouveau qui s’ouvre.

Unissons-nous à la prière de nos sœurs et frères en Belgique. Que cette prière se manifeste par des actions concrètes, de reconnaissance et de justice, en faveur des personnes victimes, et par un engagement à travailler les mesures de protection des personnes dans nos communautés.

  • Pour les victimes d’abus et de violences sexuelles que l’on n’a pas crues ou entendues;
  • Pour les groupes des victimes et leurs représentants qui remettent en question les structures de pouvoir ;
  • Pour les proches des victimes qui vivent dans la douleur et un chagrin non surmonté ;
  • Pour celles et ceux qui espèrent une communauté ecclésiale qui écoute et réconforte, qui se convertisse et se renouvelle, qui offre aide et soutien.

Prions le Seigneur.

La Fédération France Victimes propose un service d’accueil, d’écoute et d’orientation pour les personnes victimes de violences sexuelles dans l’Église catholique, 7j/7 de 9 h à 21 h, au 01 41 83 42 17.

Katherine Shirk Lucas

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