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Désert  du  cœur

Du fond de mon lit d’hôpital, j’ai crié ton Nom, je t’ai supplié, je t’ai prié. Jamais tu n’es venu à mon secours. Tu n’avais que le silence comme réponse. Le silence de l’absence. J’étais réduit à ma douleur.

J’ai vécu ces derniers mois ce que l’on appelle une nuit de la foi. C’est une expérience spirituelle aride de l’éloignement de Dieu. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Alors, avec la force du désespéré, pour ne pas me noyer, j’ai pris ma vieille Bible de Jérusalem usée  que j’avais apportée. D’abord, le livre de Job , le Juste souffrant, et bien sûr, le livre des tehilim (les psaumes en hébreu). Surtout le psaume 22 (21 dans la numérotation chrétienne) que j’ai lu et relu, presque récité, en pleurant : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Pourquoi cette souffrance ? Pour essayer d’éclairer ma nuit, j’ai convoqué tous ceux et celles qui ont traversé cette douloureuse expérience. Les trois grands saints du Carmel, d’abord. Jean de la Croix et sa « Nuit obscure« , Térèse d’Avila qui, à l’âge de sept ans, avait dit à son frère : « Je veux voir Dieu, mais pour voir Dieu, il faut mourir » (ce fut le tourment de sa vie « Je meurs de pas mourir »), et enfin, notre petite Thérèse bien aimée, Thérèse de Lisieux qui dans les derniers mois de sa courte vie a connu « la nuit noire », « la nuit du néant ». Et puis une autre Thérèse, Mère Teresa de  Calcutta, qui a sans doute connu la plus longue nuit de la foi de l’histoire, pendant cinquante ans de sa vie. « Je serai la sainte des ténèbres » avait-elle dit, peu avant sa mort. Et puis encore, Benoît de Nursie, Ignace de Loyola, François de Sales, Elisabeth de la Trinité, Edith Stein qui a connu la nuit de l’incroyance, Simone Weil, la philosophe, qui a écrit « Mon Dieu, aidez-moi à devenir rien », et puis enfin Etty Hillesum qui disait: «  Je vais t’aider, mon Dieu, à ne pas s’éteindre en moi ». Et enfin, j’ai pensé chaque jour à ma mère, bénie soit-elle, qui m’a soutenu à bout de bras, dans la Communion des Saints. Dans ce Sahara du cœur, cette Shoah intérieure, je sentais le travail de Dieu au fond de moi, profond comme une opération chirurgicale. La nuit de la foi n’est pas un manque de foi, c’est une amère expérience mystique. Mais c’est sans doute aussi et surtout une grâce accordée par Dieu dans sa gratuité et sa miséricorde.

Je suis sorti aujourd’hui de cette nuit, mais transformé, converti à une foi dépouillée, épurée, purifiée, guéri de mes doutes et mes peurs. Un fils de pasteur, au 19e siècle, Friedrich Nietzsche, l’avait bien compris : « Ce qui ne me tue pas, me rend plus fort ». J’ai coudoyé la mort, mais toujours la vie vainquait. Je l’ai vue de près, cette mort,  avec son masque de perdante, elle n’est rien, elle n’est que le passage obligé vers bien plus grand qu’elle, la Vie et l’Amour éternels. Ma nuit a pris les couleurs de l’aurore, comme un matin pour Dieu. Chaque jour pour Dieu sur le chemin du reste de ma vie avec mon bâton de pèlerin (actuellement au sens propre du mot !)

Je crois au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob dans son Alliance avec l’homme, jusque dans sa chair. Alliance accomplie dans la Résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ.

Edmond Sirvente

Avent 2025

Tous les vendredis pendant le temps de l’Avent (5, 12, et le 19 décembre à 7h30 messe à la bougie, suivie du petit déjeuner
et tout ce qui suit…

Journée F.O.R.M.E.

Le samedi 6 décembre 2025 de 9h30 à 16j00

Amphithéâtre – 8 rue de Palestine

Voix du jourdain – concert spirituel

Les voix du jourdain présente le Concert Spirituel de l’avent au Christ Roi.

Samedi 22 novembre 20 heures

LA PLUIE

J’avais un ami hindouiste qui avait l’habitude de dire quand il pleuvait : “ Il pleut, les dieux sont contents ”. C’est une petite phrase qui m’est restée dans la tête. Depuis, à chaque fois qu’il pleut, je vois venir toutes ces gouttes avec bienveillance. Pourquoi grimacer lorsque l’eau du ciel vous atteint ?

Il y avait cette vidéo d’une toute petite fille, presque un bébé. Elle sortait dehors, les pas mal assurés, et rencontrait… la pluie. Pour la première fois de sa vie. Elle avait un sourire incroyable. Et elle ne pouvait pas s’arrêter de rire, le rire le plus émerveillé et surpris qu’on puisse imaginer. Elle tendait la main, se laissait caresser par les gouttes… Elle en dansait de joie.

Le monde naturel bouge. Il bouge sans cesse. Mais de manière très, très lente. La croissance des plantes, le passage des nuages, la caresse du vent, le mouvement des étoiles, tout cela reste solennel, souterrain, presque invisible. L’eau, elle, incarne la vie visible, en abondance, le mouvement, la fluidité, l’écoulement, la circulation vivante de Dieu dans le monde. Digestion infinie de la mer, grelottis d’un torrent, jet d’eau fraîche sortie du robinet… Et la pluie. L’immense voûte mystérieuse au-dessus de nous, voilà qu’elle s’ouvre, et qu’elle lâche des myriades de perles. Toutes parallèles, toutes uniques, toutes différentes.

Image de la verticalité, la pluie peut également devenir image de l’horizontalité. C’est une marque d’égalité absolue : il pleut sur le bon comme sur le méchant. C’est l’image des grâces de Dieu qui sont égales pour tous, et bonnes pour tous. C’est un rappel de la générosité et de la fécondité divines : “ comme la pluie et la neige descendent des cieux, et n’y retournent pas sans avoir arrosé, fécondé la terre, et fait germer les plantes, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui mange, / Ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche : elle ne retourne point à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli mes desseins.” (Isaïe 55, 10-11).

En ces temps d’automne pluvieux, il faudrait pouvoir accueillir la pluie comme une bénédiction. Matérielle tout d’abord : sans elle pas de vie. Mais aussi spirituelle : un renouvellement des promesses de notre baptême. L’eau qui coule rappelle celle, sacramentelle, par lequel le Christ a été baptisé. Quand on est pris sous la pluie, quand on est arrosé de centaines de petites gouttes, plutôt que de rouspéter, il faudrait pouvoir penser que le Ciel s’ouvre, la colombe de l’Esprit Saint descende sur nous, et qu’une voix dise : “ Voici mon fils bien-aimé! ” (Matthieu 11, 17).

Et quand il pleut, nous pouvons prendre un moment, et nous écrier dans la joie, à la suite de Saint-François dans son Cantique des Créatures :

Loué sois-tu, mon Seigneur,
pour sœur Eau
qui est très utile et très humble
précieuse et chaste.”

Ludovic K.

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