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LE SIGNE DE CROIX

Deux droites en intersection : c’est le signe le plus simple, le plus universel que l’on puisse imaginer (il n’y a guère que le cercle qui soit aussi simple). Et c’est ce qui explique le succès du signe de croix. C’est un geste d’appartenance. Un geste de respect. Un geste d’exorcisme, aussi. Et un geste de Foi : professer la Sainte Trinité, Père, Fils, et Saint-Esprit. Symboliquement, la partie haute (le Ciel) rencontre la partie basse (la Terre). Au milieu, au point d’intersection des deux droites : c’est le Christ, trait d’union, point de contact entre deux mondes – celui de Dieu, celui des Hommes, . 

Comment donner toute sa profondeur au signe de croix, trop souvent résumé à un rapide va-et-vient entre front et poitrine ? Quelques pistes :

1°) “La première prière que la Sainte Vierge va nous montrer, eh bien, c’est de faire un beau signe de croix. Et, très lentement, la Vierge Marie va faire un majestueux et lent signe de croix, [avec] un visage de prière et de méditation” raconteront les petites filles voyant la Mère du Sauveur lors de ses apparitions à l’Île-Bouchard en 1947. Bernadette de Lourdes a vu exactement la même chose. Alors, à l’école de la Vierge (quelle meilleure prof?), entraînons-nous à faire des signes de croix très lents, très profonds, très solennels.

2°) Tête et poitrine : ok. Mais pourquoi ne pas descendre plus bas? L’Ancien Testament n’a que le mot “entrailles” à la bouche. “Mon Dieu, voilà ce que j’aime : ta loi me tient aux entrailles “ dit par exemple le Psaume 39. J’ai personnellement petit à petit décidé de faire descendre mon signe jusqu’en-dessous du nombril, au point que les Japonais appellent hara, centre du souffle de vie. Non plus seulement tête – cœur, mais tête – cœur- entrailles. Enracinons nos signes de croix!

3°) Imaginons maintenant que vos doigts soient un couteau… Vous vous tranchez symboliquement le corps. Le signe de croix, c’est aussi s’ouvrir, s’ouvrir en deux, s’ouvrir entièrement à Jésus, dans une disponibilité, une offrande totale.

4°) Faire le signe de croix devant un crucifix, c’est être en résonnance, en miroir avec le Christ. Mimer sur soi la Passion. En tant que corps du Christ, accepter d’être partie prenante de ses souffrances sur la croix. D’être avec Lui, tout simplement – à ses côtés, dans ce moment de douleur ultime. Ce sacrifice, nous l’actualisons, l’accueillons chaque jour par ce simple geste. Et ce faisant, nous transformons la Croix – qui est par excellence le symbole du malheur, de la souffrance, de l’échec, de la mort, de l’humiliation et de l’anéantissement ultimes – en semence nouvelle, en Résurrection, en victoire contre le Mal, en affirmation d’une vie nouvelle, une vie éternelle en Christ.

Ludovic

On n’est pas chrétien tout seul (ni toute seule) !

J’ai la joie de faire partie depuis plusieurs années de la Communauté de Vie Chrétienne (CVX), une très belle communauté de croyants et croyantes «  cherchant à unifier leur vie quotidienne et leur foi ,  ainsi qu’à trouver Dieu dans l’action , à la suite d’Ignace de Loyola. »

Nous partageons à partir d’une petite communauté locale un espace spirituel vivant où, à la faveur d’une relecture personnelle de nos existences, nous nous invitons mutuellement à discerner l’œuvre de Dieu dans nos vies.

Lors de notre dernière rencontre, nous avons préparé notre relecture à partir du Psaume 8 et notamment cette phrase « Qu’est donc le mortel, que tu veuilles le visiter ? » J’ai peu de mots pour exprimer comment le témoignage de chacun et nos interpellations fraternelles sont venus s’épanouir en un bouquet de grâces, reçues et données, le partage de l’un venant ouvrir une porte à l’autre et réciproquement. Nous avons terminé cette réunion en rendant grâce car vraiment, l’Esprit Saint était venu visiter nos bouches et nos cœurs.

Les jours suivants, c’est encore pleine de gratitude pour ces moments vécus qu’une foule de souvenirs d’expériences spirituelles fortes s’est représentée à mon esprit.

Le dénominateur commun, à quelques exceptions près, était le terreau communautaire. Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours participé au-delà d’une vie paroissiale à des groupes chrétiens : Action Catholique des Enfants, Jeunesse Ouvrière Chrétienne, aumôneries, groupe d’arpentage de lectures des confessions de Saint Augustin, groupe des jeunes mariés (Les mariés de Belleville si certains s’en souviennent !), Alpha Couple, Cœur de maman avec l’OCH… J’en oublie certainement.

Ce que je n’oublierai jamais, c’est  à quel point le témoignage de mes frères et sœurs en Christ m’a portée, bousculée, consolée, fait réfléchir et grandir dans ma foi. Ce creuset est un trésor que je suis heureuse de voir, à sa façon, se perpétuer à travers l’expérience que vit ma fille aînée avec le MEJ (Mouvement Eucharistique des Jeunes).

Et je peux dire que ces groupes m’ont permis, dans des moments extrêmement  difficiles de ma vie , de voir un phare dans la nuit.

Nous avons une paroisse qui offre des possibilités aussi riches que foisonnantes de se regrouper  pour crier notre amour du Christ, le MCR, le patronage des jeunes, le groupe de louange, du Vin au Divin et tant d’autres !

Avons-nous conscience de notre chance?
Rendons grâce et exultons ensemble.

Aline

Chandeleur

Si je vous dis : chandeleur, vous me répondez : crêpes, et ce n’est pas faux. Le 2 février est un moment convivial pour faire sauter des crêpes et les rattraper avec habileté pour qu’elles retombent dans la poêle. Vient ensuite la dégustation accompagnée de cidre breton, de préférence. C’est un détail, certes bien sympathique, mais qui n’est que secondaire quant aux fêtes célébrées ce jour-là.

La Présentation de Jésus au Temple manifeste l’obéissance de Marie et Joseph à la Loi. Selon la coutume juive, tout premier né masculin doit être présenté au Seigneur quarante jours après sa naissance. Jésus se conforme donc à la Loi, lui qui est né à un moment précis de l’Histoire, en un lieu précis er au sein d’un peuple précis, le Peuple Elu. La rencontre avec le vieillard Syméon et la prophétesse Anne est la rencontre des deux Testaments. Jésus entre dans l’antique temple, lui qui est le nouveau Temple de Dieu. Il vient visiter son peuple en portant à son accomplissement l’obéissance à la Loi.

C’est aussi la Fête de la lumière. Le vieillard Syméon, guidé par l’Esprit Saint, reconnaît, en Jésus l’accomplissement des promesses divines. Ce verset du Cantique de Syméon nous est familier : Lumière qui se révèle aux nations…verset chanté ou récité tous les soirs lors des complies. Le mot chandeleur vient d’ailleurs du mot chandelles, ces cierges qui sont portés en procession. Ils symbolisent la lumière et purifient les âmes.

La Fête de la Vie consacrée est une initiative de st Jean-Paul II. L’Eglise dédie le 2 février, fête de la Présentation de l’Enfant Jésus au Temple, à la Vie consacrée. Le but est de mettre en lumière et de célébrer le rôle des personnes engagées dans la vie consacrée au sein de l’Eglise.

Depuis 1997, Jean-Paul II, Benoît XVI et François ont envoyé des messages pour fêter la vie consacrée. Les textes sont très nombreux. J’en ai choisi deux : l’un de Benoît XVI et l’autre du pape François. Le 2 février 2011, Benoît XVI exhorte les consacrés à « écouter assidûment la Parole, parce que toute sagesse de vie naît de la Parole du Seigneur ! Scrutez la Parole par la lectio divina car la Vie consacrée naît de l’écoute de la Parole de Dieu et accueille l’Evangile comme règle de vie ». Et le 2 février 2019, François envoie ce tweet : « La vie consacrée est une rencontre vivante avec le Seigneur dans son peuple. C’est un appel à l’obéissance fidèle de chaque jour et aux surprises inédites de l’Esprit. C’est la vision qu’il sied d’embrasser pour avoir la joie ». Rendons grâce à Dieu pour toutes ces richesses.

Brigitte

DIEU NOUS PARLE !

En préparant cette chronique, j’ai retrouvé dans mes archives, un peu par hasard, un texte magnifique et pénétrant de quelqu’un que nombre d’entre vous connaissent bien… Je vous livre, en guise d’introduction, un extrait de ce texte paru en 2020.

« Il faut que par la lecture des Ecritures, le cœur soit circoncis progressivement, page après page, afin qu’il devienne de chair et batte aux dimensions de l’espérance de Dieu pour le monde. Il faut que la lecture des Ecritures dénonce les idoles de ce monde pour ouvrir les chemins d’une vie nouvelle, sur une terre nouvelle, sous des cieux nouveaux, marqués par la justice et la paix. L’Esprit ne peut vivifier ce que la lettre n’a pas incisé, circoncis. L’Esprit ne peut transfigurer sans que la lettre ait dénoncé. (…) Nous sommes appelés à profiter de ce dimanche de la Parole pour rendre contagieux notre amour de la Bible. »

Peut-être certains d’entre vous ont reconnu les mots et le style de l’auteur de ces lignes… Il s’agit de notre cher Père Eric Morin, curé de notre paroisse de 2003 à 2012 et actuellement Directeur de l’Ecole Cathédrale au Collège des Bernardins.

On ne pouvait trouver mieux pour commencer une réflexion sur le dimanche de la Parole ! Ce dimanche 26 janvier 2025 en est, en effet, à sa 6e édition depuis son instauration en 2019 par le pape François, chaque 3e dimanche du temps ordinaire.

Déjà la Constitution Dei Verbum du Concile Vatican II l’affirmait : « L’Ancien Testament est la Parole de Dieu ». Saint Augustin, dès les premiers siècles de l’Eglise, l’écrivait : «  Le Nouveau Testament est caché dans l’Ancien et l’Ancien est dévoilé dans le Nouveau. » Pas d’opposition donc entre l’Ancien et le Nouveau Testament mais bien plutôt une exigeante continuité de la Parole de Dieu depuis la Révélation sur le Mont Sinaï. Pour le dire autrement, en reprenant les mots du regretté Cardinal Aron Lustiger, la Promesse (Ancien Testament) et l’accomplissement (Nouveau Testament) s’éclairent mutuellement. La liturgie catholique a intégré, de façon heureuse, cet échange mutuel dans le dialogue établi à chaque Eucharistie entre la première lecture et l’Evangile.

Le dimanche de la Parole nous invite en même temps à renforcer nos liens avec la communauté juive. La Commission Biblique Pontificale le souligne clairement : « Les Saintes Ecritures du peuple juif constituent une partie essentielle de la Bible chrétienne. »

Quand Dieu parle, il agit. Et Il continue à nous parler aujourd’hui lorsqu’on écoute à la synagogue et à l’Eglise Sa Parole toujours vivante !

Edmond Sirvente

Méditation sur un pot de crème

Une amie m’a offert récemment un gros pot de crème pour le corps. En l’ouvrant, j’ai découverts ces mots gravés sur le couvercle : « Your body, your soul, your rituals. » ¹ Ah, ces slogans publicitaires, ai-je pensé !
Certes, des rituels, j’en ai. Ceux du lever, ceux du coucher, et mes petits « rituels beauté », pour parler comme les magazines. Mais qu’est-ce que mon âme pouvait bien avoir à faire avec la cosmétique ? Puis j’ai songé que je ne la laissais pas à la porte, mon âme, en entrant dans la salle de bain ; elle est trop bien intégrée à mon corps. À moins que ce ne soit mon corps qui soit intégré à mon âme ? Bref, ils vont toujours ensemble, et le jour où ils n’iront plus ensemble, l’un des deux n’aura plus aucun besoin de crème revitalisante !

M’enduisant ensuite après la douche de ce produit, au demeurant fort agréable, j’ai songé que la peau chaude que je massais serait un jour aussi froide que la pierre. Du coup, j’en suis venue à méditer sur nos rites funéraires. Un corps mort, on ne le traite pas n’importe comment sous prétexte qu’il est mort. On le toilette, on l’habille. Car si, sans âme et donc sans vie, il n’est plus une personne, il reste la trace de l’être humain qu’il a été. Quelqu’un qui a vécu, corps et âme, une relation avec Dieu. D’où une nouvelle question : l’âme privée de son corps, que devient-elle ? Notre foi nous dit qu’elle passe par une nouvelle naissance, entrant ainsi dans la lumière de Dieu et dans l’attente de la résurrection de la chair. Alors, elle retrouvera son union naturelle avec le corps qui a été le sien. Autrement dit, nous croyons que notre corps participera lui aussi au bonheur qui nous est promis dans le Royaume pour l’éternité. Merveilleuse perspective, qui nous laisse cependant devant une vaste question : tout au long de cette attente, que se passe-t-il ?

Il n’a fallu que trois jours à Jésus pour que son corps d’homme soit définitivement réuni à sa nature divine. Le temps de descendre au séjour des morts et d’en remonter, entraînant avec lui toute l’humanité, comme le racontent ces icônes où le Ressuscité arrache Adam et Ève du tombeau en les tirant par la main. Mais pour nous ? D’après Saint Thomas d’Aquin, notre âme ne goutera pleinement la béatitude que lorsqu’elle sera réunie à son corps. Avec le Credo de Nicée-Constantinople, nous proclamons : « J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir ». Autrement dit, toute notre vie et même au-delà, nous sommes dans un immense Avent. Et dans une promesse. Car Dieu se serait-il donné la peine d’entrer dans la peau de notre humanité – et à quel prix ! – s’il n’avait pas voulu nous revêtir de sa divinité ? À quoi ne réfléchit-on pas à partir d’un banal pot de crème !

Marie-Hélène D.

¹« Ton corps, ton âme, tes rituels »

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