Catégorie : REGARD DE L’AUTRE Page 1 of 10

« Le pays que je te ferai voir »

Chaque mois, catéchumènes et néophytes (les baptisés de Pâques) se retrouvent, avec leurs accompagnateurs-trices, autour d’un passage de l’Ancien ou du Nouveau Testament. Dernièrement, il s’agissait d’Abraham, quittant sa famille et sa maison pour obéir à une mystérieuse injonction, assortie d’une inimaginable promesse de fécondité. Et sa situation ressemble beaucoup à celle de ces adultes qui demandent le baptême. Comme Abraham, ils ne connaissent pas encore vraiment le Dieu qui les appelle vers ce pays qu’Il leur fera voir. Comme Abraham, ils n’ont encore aucune idée précise de leur destination. « Abraham partit sans savoir où il allait », dit la lettre aux Hébreux. Un des néophytes nous confiait dernièrement s’être mis en chemin poussé par un vague « pourquoi pas ? », et que, peu à peu, ce Désir avait pris un Visage, celui du Christ.

Lors de notre partage, une question s’est posée : « Quel est donc ce pays que Dieu va donner à Abraham ? » Face à cette interrogation, nous sommes à égalité, catéchumènes et « vieux » baptisés. Or, ce soir-là, une réponse a fusé de la bouche d’une « débutante » : « la Vie éternelle ! » Belle intuition ! Car c’est la foi qui a mis Abraham en route. Et le jour de leur entrée en catéchuménat – événement dont notre communauté est témoin plusieurs fois dans l’année – on interroge celles et ceux qui se présentent à notre porte : « Que demandez-vous à l’Église de Dieu ? » « La foi. » «Que vous apporte la foi ? » « La Vie éternelle. »

Par ailleurs, dans le texte biblique, le pays que Dieu promet à Abraham n’a pas de frontières établies : « Regarde au Nord, au Sud, à l’Est et à l’Ouest. Tout cela, je te le donne. » Or, notre père dans la foi ne possèdera jamais aucun territoire, au point qu’il devra acheter un domaine pour donner une sépulture à sa femme Sara. La Terre promise par Dieu à ceux qui se mettent en route sur son instigation – autrement dit tous les croyants, quel que soit leur parcours – ne serait-ce pas ce lieu intime où chacun d’entre nous se tient en vérité, la « terre » de notre relation avec Lui ?

Lors de ces rencontres, nous avançons ainsi ensemble, demandeurs de baptême ou baptisés de longue date. Il n’y a ni apprentis ni confirmés dans la foi, rien que des « écoutants » de la Parole adressée à tous et à chacun : « Pars ! Quitte tes habitudes et tes sécurités ! Et va vers le pays que je te ferai voir. » C’est bien nous, communauté de Saint Jean-Baptiste de Belleville, qui allons, appelés comme Abraham par ce Dieu qui nous dit : « Marche avec moi dans la confiance. Un espace immense s’ouvrira à toi. Et ta vie sera fécondité. »

Marie-Hélène D.

Genèse 12n 1-5
Hébreux 11,

Dieu, ce farceur

Depuis quelques années, nous passons la période du 15 août en Vendée chez une chère amie avec qui nous partageons des rires et notre foi.

J’ai été fortement interpellée cette année par l’exhortation de l’Union Internationale des Supérieures Générales (UISG) pour vivre le 14 août une journée de jeûne et de prière pour la Paix. Je ne suis pas une grande coutumière du jeûne. Mais l’appel de ces femmes consacrées œuvrant chaque jour aux périphéries du monde a résonné : j’ai proposé à ma famille et amie de porter le jeûne pour nous tous et de jalonner ensemble notre journée de prières. Et c’est ce que nous avons fait. Je n’ai pas eu faim ce jour-là. Comme j’ai beaucoup marché, j’ai ressenti un peu de fatigue que j’ai offerte en pensant à celles et ceux qui doivent parcourir des kilomètres à pied pour quelques miettes de pain.

Je souhaitais ponctuer cette journée spéciale par une messe. Arrivée à l’église, une assemblée dense et inhabituelle était présente. Très vite, nous nous voyons remettre un flambeau entre les mains : point de messe ce soir, c’est le départ d’une procession à la Vierge – ce qui n’était pas prévu à mon programme ! Je jette un coup d’œil plus précis à l’assemblée : des chasubles, des costumes et drapeaux vendéens, des familles aux enfants très nombreux et trop bien coiffés.

Belleville me semble à des années-lumière et cette phrase me traverse l’esprit : « Je ne veux pas que l’on me voit avec ces gens-là. » La réponse du Seigneur ne tarde pas à fuser : « Ces gens-là comme tu le dis sont aussi tes frères et sœurs. » D’accord Seigneur. C’est donc ici que tu m’attendais. J’ai donc marché encore, cette fois en procession, au milieu de chants en latin que j’ignorais et de frères et sœurs que j’ignorais aussi.

Et ce fut, si ce n’est agréable, une vraie interpellation spirituelle. Merci Seigneur de m’avoir indiqué, avec un humour qui est bien le tien, le chemin de jeûne qui devait être le mien : celui ô combien difficile de mes préjugés.

Aline

La gratitude d’une râleuse

Un jour, il y a plusieurs années, j’ai lu un petit livre intitulé « Merci ». On n’y trouvait que des citations et témoignages illustrés, au sujet de la gratitude et de la reconnaissance. Je me souviens du témoignage de Christophe, un jeune breton, handicapé suite à un accident… Il disait : « Depuis que je suis en chaise roulante, je fais beaucoup plus de choses qu’avant. Avec Bernard, le moniteur, je surfe et je navigue sur l’océan. Je m’intéresse à la nature, et surtout aux fleurs. J’apprécie les cadeaux que chaque journée m’apporte, et je me découvre de nouvelles capacités. J’éprouve même de la reconnaissance pour mon handicap, à cause de tout ce qu’il m’a fait découvrir. »

J’ai lu aussi celui de Marguerite, une personne âgée dont les forces s’étaient lentement amenuisées depuis quelques mois : « J’aimerais pouvoir marcher comme avant, mais mes jambes ne répondent plus… Mais je te rends grâce, Seigneur, parce qu’au fil des jours, tu m’as fait découvrir la valeur d’une vie au ralenti : chaque instant illumine ma journée, pour peu que je consacre un moment à l’émerveillement ! Merci, Seigneur : maintenant j’ai le temps de te rencontrer, d’écouter les autres, et de comprendre qu’il existe en nous un potentiel d’amour plus fort que nous ne pourrions jamais l’imaginer. »

Dans ce petit livre, une citation de Saint Ambroise m’avait aussi profondément touchée : « Aucune obligation n’est plus pressante que celle de remercier. »

J’étais alors « une râleuse », plus pressée de me plaindre de ce qui n’allait pas, que de remercier qui que ce soit pour ce qui allait !… Et pendant que je lisais ce petit livre, j’ai entendu un prêtre nous conseiller, dans notre prière, de toujours commencer par adresser au Seigneur une prière d’action de grâce, et seulement ensuite, de lui demander son aide pour les épreuves qui nous attendaient sur notre chemin. Comme je ne m’étais jamais posé vraiment la question du contenu de la prière, ce prêtre m’a donné la clé d’une attitude simple de gratitude envers le Seigneur, pour tout ce qu’Il nous a déjà donné… Et cela vaut désormais pour toutes les prières que je voudrais Lui adresser !…

A chaque moment de l’année, du mois, ou de la journée, nous sommes tous invités à prier. C’est pourquoi nous devons renoncer à toutes nos exigences, et commencer par rendre grâce pour tout ce que nous avons, pour la joie d’être en vie et de respirer, pour le bonheur de chaque jour, dans sa banale simplicité. Et si, à l’approche de l’hiver, où tant de gens souffrent du froid et du manque de tout, nous sommes reconnaissants pour les chances que nous avons, nous saurons mieux partager ce que nous avons, avec ceux que les aléas de la vie ont rendus plus faibles et plus fragiles.

Marie

Défis de la pastorale scolaire

La semaine dernière nous étions 300 paroissiens à partir en pèlerinage, à Senlis, sur le thème « paroisse unie et missionnaire ».

Cette journée a su nourrir les cinq piliers de la vie chrétienne que nos chers prêtres nous ont rappelé : Prière, Service, Fraternité, Formation, Mission.

Je rends grâce pour tous celles et ceux qui ont été au Service dans la préparation et dans le déroulé de cette journée.

Je rends grâce pour les personnes que ce pèlerinage m’a donné de rencontrer et qui m’ont permis de grandir en Fraternité.

Je rends grâce pour cette journée mise de côté qui m’a donné le temps de Prier, bien plus dans la fréquence et dans la durée, qu’un dimanche ordinaire.

Je rends grâce enfin pour le témoignage du Père Gosset sur la joie de la Mission.

Dans son discours, il a touché du doigt une des grandes difficultés de l’Eglise en France, la transmission de la Foi, qui n’épargne pas écoles de l’Enseignement Catholique. Un thème en parfait écho avec le lieu qui nous recevait : le lycée Saint-Vincent aux pierres quasiment millénaires…

La conjonction des deux m’a beaucoup fait réfléchir sur la transmission de la foi catholique de générations en générations et ma mission d’enseignante et d’animatrice en pastorale scolaire. Je le rejoins sur le constat d’une fréquente auto-censure, de la tendance à une neutralité excessive.

Après un an et demi d’animation en pastorale scolaire, je vous livre ma lecture des défis et enjeux du métier :

A mon sens, le premier défi est d’incarner (autant que faire se peut) la paix et la joie de l’évangile, et d’être disponible à la rencontre…

Dieu nous a rejoint, et nous avons-nous aussi à rejoindre les autres…

Les contenus sont secondaires, ils s’apprennent et nous connaissons déjà tellement de choses par rapport à un jeune qui n’a aucune culture chrétienne… Il s’agit d’Être plus que de Savoirs. C’est la posture qui reste le défi : être au quotidien une présence bienveillante et apaisante qui se fait proche en s’intéressant à la vie des autres, ouvre des espaces d’écoute et de partage sur leurs vécus, les invite à s’exprimer, les amène à s’interroger pour développer leur conscience d’eux-mêmes et le sens qu’ils donnent à ce qui les entoure.

Elle demande de distinguer l’Initiation à la Vie Chrétienne du Développement Humain et Spirituel. La première s’adresse aux curieux de la foi catholique et nous demande d’expliciter le vocabulaire de l’Eglise, de le rendre accessible pour faciliter la rencontre avec le Christ. Le second adressé à tous nous demande de contenir notre foi personnelle pour respecter la liberté de l’autre. Il n’amènera pas forcément au baptême mais il me semble tellement important aujourd’hui tant il contribue selon moi à sa mesure à la propagation de la paix en axant les contenus sur la compréhension et à l’acceptation des différences, le développement d’une culture interreligieuse, de l’intériorité… cadeau laïc, tiré des préceptes de l’évangile : Soyez des artisans de paix !

Nos écoles et nos aumôneries ont besoin de vous. Venez, Il pourvoira !

Pauline HÉNAFF

Le ressenti

Certains moments de l’année liturgique peuvent-être différents pour chacun ; nous pouvons ressentir de la joie , de l’espérance, de la compassion, un esprit de fraternité mais parfois de la tristesse…

Cela m’est arrivé plus particulièrement cette année: entre-autres, de la joie lors de la première communion de mon petit fils; l’église était plus petite que St jean- baptiste de Belleville et en raison de la foule , les portes du portail étaient restées ouvertes.

Voir mon petit fils avancer dans la nef au milieu de ses camarades m’apporta de la joie mais, il faut reconnaître celle-ci fut mêlée de fierté à l’entendre lire la deuxième lecture de ce dimanche (Apocalypse de St Jean 21, 1-5a)  « Il essuiera toutes larmes de leurs yeux… ».

Plus récemment à Mallorca (Iles Baléares) , le 15 août jour de l’Assomption, au pied de l’autel était installé une statue de la Bienheureuse Vierge Marie à la vue de tous les paroissiens pendant la célébration de l’office «  … une femme ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles… » Apocalypse de St Jean 11, 19a -12,1-6a, 10).

Cette statue me faisait penser à celle de la Dormition à Jérusalem. J’entendais les paroles du prêtre, mais je ne voyais qu’Elle.

Ce fut je pense assez court, mais je me sentais hors du temps, du lieu; je ne peux pas l’expliquer. Ce fut à la fois un ressenti de calme intérieur, de la joie mêlée de tristesse. Moment fugace, une merveilleuse sensation de spiritualité. Il faut reconnaître et savourer ces instants qui nous sont offerts.

Danielle

… « Sentons-nous donc inspirés nous aussi à nous mettre en route sur les traces du Seigneur Jésus pour devenir, avec Lui et en Lui, des signes et des messagers d’espérance pour tous, en tout lieu et en toute circonstance que Dieu nous donne de vivre. Que tous les baptisés, disciples-missionnaires du Christ, fassent briller son espérance en tous les coins de la terre »… .    

Pape Léon XIV Dimache de la Mission 2025

Page 1 of 10

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén