A la question « quels sont les premiers signes de civilisation humaine ? », la célèbre anthropologue Margaret Mead n’a répondu ni l’invention du feu, ni celle de l’écriture, ni les peintures rupestres… Elle a simplement dit : « un fémur cassé, puis guéri ». Dans le règne animal, un membre rompu signifie la mort. Mais cette première guérison d’une jambe cassée chez les Hommes suppose qu’une personne, ou un groupe de personnes, est resté pendant de longues semaines auprès du blessé immobilisé, lui apportant nourriture, soins, abri, jusqu’à réparation complète de l’os. Pour elle, c’était ça le premier signe de civilisation. Le sacrifice de soi pour sauver la vie de l’autre.
Quelle leçon tirer ? Tout d’abord, que l’Humanité est une espèce incroyablement collaboratrice, en communication, en communion permanente les uns avec les autres, et c’est profondément ce qui a permis aux Hommes de survivre et se perfectionner ainsi. La relation d’aide, de soutien, de partage, le regard d’amour sur l’Autre sera toujours plus fort que le réflexe égoïste. Ne l’oublions jamais dans ces temps troublés.
Deuxièmement, que l’Humanité, corps du Christ, est composée d’une multitude de blessés. Nous avons tous un os brisé. S’il n’est pas toujours physique, il est souvent psychique, ou spirituel. Nous autres Chrétiens sommes une communauté de boiteux, qui avons conscience de notre fracture. Et notre médecin, nous le connaissons : le Christ lui-même, qui vient à notre chevet, et prend soin de nous au moment où nous sommes laissés sur le bas-côté, dans le fossé, plus morts que vifs.
Oui, mais tout médecin a besoin d’assistants. Qui sont-ils ? Ce sont les prêtres. Les prêtres sontles aides-soignants du Christ. Ils forment une longue chaîne ininterrompue de soignants depuis que Jésus leur a indiqué comment secourir. Certes, ils sont faillibles. Eux aussi sont boiteux, peut-être plus encore que ceux qu’ils aident. Mais ils se souviennent qu’eux aussi, ils ont été soignés. Un homme, un Nazaréen, s’est rendu à leur chevet et leur a prodigué les soins nécessaires pour pouvoir marcher, se redresser, vivre à nouveau. Et ils veulent faire profiter la Terre entière de cette Bonne Nouvelle : tout le monde peut être guéri. Encore faut-il le vouloir, être conscient de sa béance, et vouloir y apposer le baume réparateur du Christ. L’Humanité, à la nuque raide, s’y refuse trop souvent. C’est son libre-arbitre, inviolable. Mais quel dommage ! On ne soigne pas un os cassé tout seul.
Alors, célébrons joyeusement ce dimanche, ensemble, cette première Messe de Jeimer, notre séminariste ordonné prêtre, héritier d’une longue lignée de médecins de l’âme, qui remonte jusqu’au Christ lui-même.
La paroisse organise un pèlerinage à Lisieux, et hop, cent-cinquante paroissiens s’inscrivent ! Dimanche dernier, nous nous retrouvons sur le parvis. Cap sur Lisieux ! Pourquoi aller sur les pas de Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, morte à l’âge de 24 ans, en 1897, de la tuberculose, au carmel de Lisieux, où elle aura passé neuf années ? Pourquoi nous rapprocher de la petite carmélite normande, docteure de l’Église, qui écrivit Histoire d’une âme, un des livres les plus lus de l’histoire après la Bible et Harry Potter, alors qu’elle n’avait jamais reçu d’enseignement théologique ? Les saints portent ce monde dans leurs prières et l’illuminent, mais ils ne changent pas tout seuls ; ils ont vécu des choses proches de ce que nous vivons, ils se convertissent avec le secours de Dieu. Nous allons à Lisieux parce que nous sommes tous appelés à la sainteté !
Après la messe à la Basilique, et un déjeuner nous avons reçu un court enseignement du Fr. Jean-Alexandre autour des cinq points essentiels de la dynamique thérésienne, qui nous font passer du désir à la réalité, puis à la confiance, à la miséricorde, et enfin à l’incarnation dans les gestes quotidiens. Lors de la visite de la Basilique, notre guide, passionnée nous révèle les mystères des vitraux et nous parle de cette surprenante petite Thérèse, qui guide, conseille, console et se donne sans mesure. Nous sera-t-il donné, à nous, de comprendre, ne serait-ce qu’une infime partie de son exceptionnel élan d’amour envers Jésus ?
A la crypte se trouve la chapelle dédiée à Louis et Zélie Martin, les parents de Thérèse. C’est le premier couple canonisé non martyr, et ils ne sont pas tombés l’un sur l’autre par hasard : avant de se connaître, ils désiraient tous deux, être religieux, mais l’église n’a pas voulu d’eux. Ils se marient et décident de vivre « comme frère et sœur », dans une continence perpétuelle. Leur confesseur les en dissuade, heureusement pour nous, et ils ont finalement neuf enfants, dont quatre meurent en bas âge. Leur parcours singulier nous laisse penser que Thérèse a vécu dans une famille qui savait ce qu’aimer veut dire…Le bon Dieu m’a donné un père et une mère plus dignes du Ciel que de la Terre, écrivait-elle. Nous nous regroupons autour de la châsse. La guitare nous invite doucement à entrer dans le chant et la prière. Au sein de l’intimité de la famille Martin, nos cœurs, riches des grâces de cette journée, s’ouvrent dans le recueillement, les larmes, de reconnaissance ou de joie… Nous vivons la simple intensité de la communauté. Nous déposons nos intentions de prière. Dans le car qui nous ramène à Paris, les langues se délient et de magnifiques témoignages se succèdent, comme autant de cadeaux partagés. Thérèse, tu nous as cueillis. Et quand on parle de fleurs, n’est-ce pas un peu de cette pluie de roses que tu voulais faire tomber après ta mort ? Ton regard d’amour et de confiance, comme un voile bienfaisant s’est posé sur nous, le temps d’une journée. Et maintenant, au travail ! La sainteté, ça se mérite.
« Nous le dédions à toutes les personnes qui ont subi des violences, avec l’espoir qu’il les aide à franchir l’étape qui sépare la condition de victime du statut du témoin. Nous le dédions à celles qui nous ont parlé, comme à celles bien plus nombreuses qui n’ont pas pu parler. »
Jean-Marc Sauvé
De victimes à témoins. Témoignages adressés à la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église
Composition du chemin de +, par Katherine Shirk Lucas
Jésus prie dans le jardin de Gethsémani 1ère station
VOIX 1 Nous t’adorons, ô Christ, et nous te louons
TOUS Parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde.
VOIX 2 Ils arrivent dans un domaine du nom de Géthsémani, et Jésus a dit à ses disciples : « Restez-ici pendant que je prierai !». Il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean. Et il commença à ressentir frayeur et angoisse. Il leur dit : « Mon âme est triste à en mourir : demeurez ici et veillez ». Et, allant un peu plus loin, il tombait à terre et priait pour que, si possible, cette heure passât loin de lui. Il disait : « Abba, Père, à toi tout est possible, écarte de moi cette coupe ! Pourtant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » (Marc 14, 32-36)
Témoignage
VOIX 3 Ce genre de choses marque une vie entière, j’ai des séquelles, c’est difficile de dire tout ça. J’étais une enfant très angoissée, j’avais des troubles …J’avais des peurs injustifiées, j’avais peur de tout … J’ai réalisé que je n’aimais pas que l’on me touche, et que l’on touche mon corps. Et ça, ça a été pendant très très longtemps et je ne savais pas pourquoi …
TOUS J’ai crié vers toi, Seigneur ! en disant : « C’est toi mon asile, ma part sur la terre des vivants ! » Sois attentif à mes cris, car je suis si faible ! Délivre-moi de mes persécuteurs, car ils sont plus forts que moi. (Ps 142 [141], 6-7)
Jésus est trahi par Judas et arrêté 2ème station
VOIX 1 Nous t’adorons, ô Christ, et nous te louons
TOUS Parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde.
VOIX 2 Celui qui le livrait avait convenu avec eux d’un signal : « Celui à qui je donnerai un baiser, avait-il dit, c’est lui ! Arrêtez-le et emmenez-le sous bonne garde. » Sitôt arrivé, Judas s’avance vers lui et lui dit : « Rabbi. » Et il lui donna un baiser. Les autres mirent la main sur lui et l’arrêtèrent. (Marc 14, 44 – 46)
Témoignage
VOIX 3 Lors de la retraite de première communion, il m’a demandé d’aller chercher des crayons à l’intérieur … C’est là qu’il m’a plaquée contre le mur, la tête en avant avec une main sur la bouche . . . et il m’a violée. Puis, retour vers le groupe … Avec ces mêmes mains, il m’a présenté le pain consacré deux jours plus tard. Lors de chacune des agressions, une par une, une après l’autre, un geste m’a fait une violence très forte : celui de ses mains sur moi.
TOUS Dieu, délivre-moi de mes ennemis ; protège-moi de mes agresseurs. Délivre-moi des malfaisants et sauve-moi des hommes sanguinaires. Car les voici en embuscade contre moi, des puissants m’attaquent, Je ne suis pas coupable, et ils courent se poster. Sors du sommeil ! Viens à ma rencontre et vois ! (Psaume 59 [58], 2-4)
Jésus est condamné par les chefs religieux 3ème station
VOIX 1 Nous t’adorons, ô Christ, et nous te louons
TOUS Parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde.
VOIX 2 Le Grand Prêtre, se levant au milieu de l’assemblée, interrogea Jésus : « Tu ne réponds rien aux témoignages que ceux-ci portent contre toi ? » Mais lui gardait le silence ; il ne répondit rien. De nouveau le Grand Prêtre l’interrogeait ; il lui dit : « Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ? » Jésus dit : « Je le suis, et vous verrez le Fils de l’homme siégeant à la droite de la Puissance et venant avec les nuées du ciel. » Le Grand Prêtre déchira ses habits et dit : « Qu’avons-nous encore besoin de témoins ! Vous avez entendu le blasphème. Qu’en pensez-vous ? » Et tous le condamnèrent comme méritant la mort. Quelques-uns se mirent à cracher sur lui, à lui couvrir le visage, à lui donner des coups et à lui dire : « Fais le prophète ! » Et les serviteurs le reçurent avec des gifles. (Marc 14, 60-65)
Témoignage
VOIX 3 Il y a la question du sacré : la sainte Église qui, selon le théologien Joseph Ratzinger est indestructible, donc l’institution prime sur l’homme, donc tous les comportements des prêtres, des évêques, des archevêques, des cardinaux, du pape, c’est « il faut sauver l’institution quoi qu’il arrive, peu importe la situation des hommes. »
TOUS Attention ! Que personne n’ait l’audace de se défendre, que personne ne conteste, que ni ton peuple, ni toi, prêtre, n’ose plaider ! Tu trébucheras le jour et le prophète aussi trébuchera avec toi la nuit ; Mon peuple sera réduit au silence faute de connaissance. Puisque tu as repoussé la connaissance, je te repousserai et tu ne seras plus mon prêtre. Un même sort atteindra le peuple et le prêtre. Je leur ferai rendre compte de leur conduite et je leur revaudrai leurs actions car ils ont cessé de respecter le Seigneur. (Osée 4, 4-6. 9-10).
Jésus est renié par Pierre 4ème station
VOIX 1 Nous t’adorons, ô Christ, et nous te louons
TOUS Parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde.
VOIX 2 Peu après, ceux qui étaient là disaient une fois de plus à Pierre : « A coup sûr, tu es des leurs ! et puis, tu es galiléen. » Mais lui se mit à jurer avec des imprécations : « Je ne connais pas l’homme dont vous me parlez ! » Aussitôt, pour la deuxième fois, un coq chanta. Et Pierre se rappela la parole que Jésus lui avait dite : « Avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. » (Marc 14, 70-72)
Témoignage
VOIX 3 Il y avait aux scouts des jeunes chefs et cheftaines, mais il y avait aussi des adultes, des pères de famille. Ils le savaient forcément. Le prêtre mettait sa caravane à l’écart, à l’autre bout du camp. On imagine bien ce qu’il pouvait se passer. L’un des adultes le savait forcément. Il s’appelait Y. Il était présent à tous les camps. Il a vu tout cela, il le savait. Si les enfants le savaient, les adultes le savaient. Tout le monde savait. C’est quelque chose qui m’a révolté.
TOUS Je suis dans la détresse ; vite, réponds-moi ; viens près de moi, sois mon défenseur ; j’ai des ennemis, libère-moi. Tu me sais insulté, Déshonoré, couvert de honte ; tous mes adversaires sont devant toi. L’insulté m’a brisé le cœur et j’en suis malade ; j’ai attendu un geste, mais rien ; des consolateurs, et je n’en ai pas trouvé. (Ps 69 [68], 18-21)
Jésus est condamné à mort par Ponce Pilate 5ème station
VOIX 1 Nous t’adorons, ô Christ, et nous te louons
TOUS Parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde.
VOIX 2 Prenant encore la parole, Pilate leur disait : « Que ferai-je donc de celui que vous appelez le roi des Juifs ? » De nouveau, ils crièrent : « Crucifie-le ! » Pilate leur disait : « Qu’a-t-il donc fait de mal ? » Ils crièrent de plus en plus fort : « Crucifie-le ! » Pilate, voulant contenter la foule, leur relâcha Barabbas et il livra Jésus, après l’avoir fait flageller, pour qu’il soit crucifié. (Marc 15, 12-15)
Témoignage
VOIX 3 Ma sœur m’a affirmé qu’elle avait écrit au procureur à l’époque, et le procureur avait diligenté les gendarmes qui étaient venu chez elle, sauf que comme ce monsieur l’abbé était très bien avec tout le monde, y compris avec les gendarmes … Ceux-ci ont débarqué chez elle – qui en tremblait – et lui ont dit : « Ben alors, Madame, qu’est-ce que vous lui avez fait à l’abbé, qu’est-ce que vous lui voulez, qu’est-ce que c’est que cette histoire ? » Donc cette femme a été désarçonnée et cela n’a pas été plus loin. Elle s’est sentie menacée. Ça m’a fait pleurer des choses comme ça parce que c’est atroce : le procureur et les gendarmes ne nous ont pas crues.
TOUS De faux témoins se lèvent et m’interrogent sur ce que je ne sais pas. Ils me rendent le mal pour le bien ; me voici tout seul. Ils déchirent sans répit, et en cercle, ces impurs, ces moqueurs grincent des dents contre moi. Seigneur, comment peux-tu voir cela ? Soustrais ma vie à ce désastre. (Ps 35 [34] :11-12.15-17)
Jésus est flagellé et couronné d’épines 6ème station
VOIX 1 Nous t’adorons, ô Christ, et nous te louons
TOUS Parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde.
VOIX 2 Ils le revêtent de pourpre et ils lui mettent sur la tête une couronne d’épines qu’ils ont tressée. Et ils se mirent à l’acclamer : « Salut, roi des Juifs ! » Ils lui frappèrent avec un roseau, ils crachaient sur lui, et se mettant à genoux, ils se prosternaient devant lui. (Marc 15, 17-19)
Témoignage
VOIX 3 Les épines que dans mon cœur Je garde, inondent mon esprit Il est loin où enfant de chœur De destinée, j’étais épris.
Cette indicible solitude Je veux à tout prix m’en défaire Pour retrouver la quiétude A tout jamais quitter l’enfer
C’est pourquoi je livre les mots Des viols subis dans mon enfance Je les gueule fortissimo Pour retrouver l’indépendance
TOUS Je me suis enfermé dans le silence, et plus qu’il n’était bon, je me suis tu. Ma douleur devient insupportable, mon cœur brulant dans ma poitrine. Obsédé, et brûlé par un feu, j’ai laissé parler ma langue. Dès lors, que puis-je attendre, Seigneur ? Mon espérance est en toi. (Ps 39 [38], 3-4.8)
Jésus porte la croix 7ème station
VOIX 1 Nous t’adorons, ô Christ, et nous te louons
TOUS Parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde.
VOIX 2 Après s’être moqués de lui, ils lui enlevèrent la pourpre et lui remirent ses vêtements. Puis ils le font sortir pour le crucifier. (Marc 15,20)
Témoignage
VOIX 3 Lorsque vous avez un problème, un échec, vous pensez au suicide. A la première difficulté, le suicide devient une option, car vous repensez aux viols subis lors de votre enfance. Votre vie est terrible à cause de ce qu’il s’est passé. C’est un poids terrible que l’on ne peut mesurer …
TOUS Seigneur, tous mes soupirs sont devant toi, et mes gémissements ne te sont pas cachés. Mon cœur palpite, les forces m’ont abandonné, j’ai perdu jusqu’à la lumière de mes yeux. Mes amis, mes compagnons reculent devant mes plaies, mes proches se tiennent à distance. C’est en toi, Seigneur, que j’espère : tu répondras, Seigneur mon Dieu ! (Ps 38 [37], 10-12.16)
Simon de Cyrène aide Jésus à porter la croix 8ème station
VOIX 1 Nous t’adorons, ô Christ, et nous te louons
TOUS Parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde.
VOIX 2 Ils réquisitionnent pour porter sa croix un passant, qui venait de la campagne, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus. (Marc 15, 21)
Témoignage
VOIX 3 Toute sa vie durant, mon père a cherché à être entendu et reconnu pour la souffrance qu’il connut enfant. Je n’ai jamais connu mon père autrement que dépressif. Je suis convaincue que si l’Église avait réagi différemment, en s’engageant pour la reconnaissance active de la souffrance de mon père …, il se serait repris en main et aujourd’hui il pourrait peut-être encore marcher et parler.
TOUS Seigneur, écoute ma prière, que mon cri parvienne jusqu’à toi ! Ne me cache pas ton visage au jour de ma détresse. Car mes jours sont partis en fumée, mes os ont brûlé comme un braiser, Comme l’herbe coupée, mon cœur se dessèche : j’en oublie de manger mon pain. (Ps 102 [101] 2-5).
Jésus rencontre les femmes de Jérusalem 9ème station
VOIX 1 Nous t’adorons, ô Christ, et nous te louons
TOUS Parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde.
VOIX 2 Il était suivi d’une grande multitude du peuple, entre autres de femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentait sur lui. Jésus se tourna vers elles et leur dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants. » (Luc 23, 27-28)
Témoignage
VOIX 3 Je n’arrive pas à être dans le pardon encore tout autant que je n’arrive pas à être en colère contre ce qui s’est déroulé. J’endosse difficilement la posture de la victime et suis attristée par la déflagration que cela a engendré au niveau familial (mes parents, mon frère et ma sœur). A l’issue de l’annonce, j’ai passé quasiment cinq jours à pleurer non-stop, jour et nuit. Deux mois après, je ne passe pas une journée sans que je sois traversée par la tristesse de cette situation.
TOUS Alors, Seigneur, jusqu’à quand … ? Reviens, Seigneur, délivre-moi, sauve-moi à cause de ta fidélité ! Je suis épuisé à force de gémir, Chaque nuit, mes larmes baignent mon lit, mes pleurs inondent ma couche. Mes yeux sont rongés de chagrin, Ma vue faiblit tant j’ai d’adversaires. (Ps 6, 5.7-8)
Jésus est crucifié 10ème station
VOIX 1 Nous t’adorons, ô Christ, et nous te louons
TOUS Parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde.
VOIX 2 Ils le crucifient, et ils partagent ses vêtements, en les tirant au sort pour savoir ce que chacun prendrait. Il était neuf heures quand ils le crucifièrent. L’inscription portant le motif de sa condamnation était ainsi libellé : « Le roi des Juifs. » Avec lui ils crucifient deux bandits, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. (Marc 15, 20.27)
Témoignage
VOIX 3 Plus de soixante-dix années se sont égrenées depuis les agressions ignobles sur ce petit garçon que j’étais. L’ignoble devait revenir à la surface et se présenter à nouveau face à moi ; son visage, son odeur et sa violence ne me quitteraient pas. Sa présence toujours aussi réelle, aussi physique, aussi insupportable. Il a fait de moi une tête brûlée. Un Indigne. Longtemps, longtemps, j’ai pensé l’avoir tué, anéanti, détruit … Mais il a continué son travail de sape, de minage, de destruction de ma vie à mon insu.
TOUS Comme l’eau je m’écroule ; tous mes membres se disloquent. Mon cœur est pareil à la cire, il fond dans mes entrailles. Ma vigueur est devenue sèche comme un tesson, la langue me colle aux mâchoires. Tu me déposes dans la poussière de la mort. Je peux compter mes os des gens me voient, ils me regardent. Ils se partagent mes vêtements et tirent au sort mes habits. Mais toi, Seigneur, ne reste pas si loin ! O ma force, à l’aide ! Fais vite ! (Ps 22 [21], 15-16.18-20)
Jésus promet son royaume au larron 11ème station
VOIX 1 Nous t’adorons, ô Christ, et nous te louons
TOUS Parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde.
VOIX 2 L’un des malfaiteurs crucifiés l’insultait : « N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même et nous aussi ! » Mais l’autre le reprit en disant : « Tu n’as même pas la crainte de Dieu, toi qui subis la même peine ! Pour nous, c’est juste : nous recevons ce que nos actes ont mérité ; mais lui n’a rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ta royauté. » Jésus lui répondit : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis. » (Luc 23, 39 – 43).
Témoignage
VOIX 3 C’est un devoir fraternel, vis-à-vis des autres victimes. Des croyants ou de ceux qui ne le sont plus. Ma posture est altruiste et humaniste. Je le fais pour moi et me bats avec les démons qui me rattrapent. Il y a une semaine que je dors avec les plus grandes difficultés. Je suis hanté par beaucoup de choses qui se réactivent et je n’y peux rien, c’est ainsi. Néanmoins cela me paraissait essentiel, puis j’ai échangé avec une autre victime. Nous nous sommes soutenus mutuellement et il m’accompagne au moment où je vous parle. Nous sommes fraternels, comme deux frères de souffrance et d’espérance.
TOUS Envoie ta lumière et ta vérité : elles me guideront, me feront parvenir à ta montagne sainte et à tes demeures. (Ps 43 [42], 3
Jésus parle à sa mère et au disciple bien-aimé 12ème station
VOIX 1 Nous t’adorons, ô Christ, et nous te louons
TOUS Parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde.
VOIX 2 Près de la croix de Jésus se tenait debout sa mère, la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas et Marie de Magdala. Voyant ainsi sa mère et près d’elle le disciple qu’il aimait, Jésus dit à sa mère : « Femme voici ton fils. » Il dit ensuite au disciple : « Voici ta mère. » Et depuis cette heure-là, le disciple le prit chez lui. (Jean 19, 25-29).
Témoignage
VOIX 3 Je joins alors mes parents, par téléphone et pas en direct car ils sont loin de moi, pour leur dire que j’ai décidé de parler. Je pensais que ça allait être une réaction de joie. Ma mère a eu une réaction de joie, mais mon père me dit : « Mais pourquoi tu vas remuer toute cette merde. » Pour lui, c’est inaudible, encore maintenant . . . Les victimes sont aussi les parents, ils ont un sentiment de trahison absolue, un sentiment de culpabilité à mon égard : « On a rien vu, on n’a rien fait. »
TOUS Toi, tu m’as fait surgir du ventre de ma mère et tu m’as mis en sécurité sur sa poitrine. Dès la sortie du sein, je fus remis à toi, dès le ventre de ma mère, mon Dieu, c’est toi. Ne reste pas si loin, Car le danger est proche Et il n’y a pas d’aide. (Ps 22 [21], 2…12)
Jésus meurt sur la croix 13ème station
VOIX 1 Nous t’adorons, ô Christ, et nous te louons
TOUS Parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde.
VOIX 2 A midi, il y eut des ténèbres sur toute la terre jusqu’à trois heures. Et à trois heures, Jésus cria d’une voix forte, « Eloï, Eloï, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Certains de ceux qui étaient là disaient, en l’entendant : « Voilà qu’il appelle Elie ! Quelqu’un courut, emplit une éponge de vinaigre et, la fixant au bout d’un roseau, il lui présenta à bore en disant : « Attendez, voyons si Elie va venir le descendre de là. » Mais, poussant un grand cri, Jésus expira. (Marc 15, 33-37).
Témoignage
VOIX 3 Pour mon enterrement, je ne veux pas aller à l’église, trop de mauvais souvenirs d’un sale curé, il m’a violé toute mon enfance.
Ma vie est foutue depuis longtemps. Ne cherchez pas de photo de moi, je n’en ai pas, je me suis toujours caché, je me sens sale. Je n’ai confiance en personne pour quoi que ce soit.
Il est 6 h 30 du matin, le dimanche 20 juin 2004. J’ai rendez-vous avec la mort.
TOUS Pitié Seigneur ! Je suis en détresse : le chagrin me ronge les yeux, la gorge et le ventre. Ma vie s’achève dans la tristesse, mes années dans les gémissements …
Je fais peur à mes intimes : s’ils me voient dehors, ils fuient.
On m’oublie, tel un mort effacé des mémoires, je ne suis plus qu’un débris. (Ps 31 [30], 10-13)
Jésus est mis au tombeau 14ème station
VOIX 1 Nous t’adorons, ô Christ, et nous te louons
TOUS Parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde.
VOIX 2 Et renseigné par le centurion, il permit à Joseph de prendre le cadavre. Après avoir acheté un linceul, Joseph descendit Jésus de la croix et l’enroula dans le linceul. Il le déposa dans une tombe qui était creusée dans le rocher et il roula une pierre à l’entrée du tombeau. (Marc 15, 45-46).
Témoignage
VOIX 3 J’avais 5 ans et tu en avais 50. Tu m’as tout pris. Tu m’as volé ma vie. Tu m’as détruite.
Tu as détruit ma vie la première fois que tu m’as violée. Je suis devenue étrangère à moi-même pour pouvoir survivre sans affect, sans émotion.
TOUS Seigneur, j’ai fait appel à toi ; j’ai supplié le Seigneur : « Que gagnes-tu à mon sang et à ma descente dans la fosse ? La poussière peut-elle te rendre grâce ? Proclame-t-elle ta fidélité ? Écoute, Seigneur ! par pitié ! Seigneur, sois mon aide ! »
(Ps 30 [29], 9-11)
Jésus le crucifié est ressuscité 15ème station
VOIX 1 Nous t’adorons, ô Christ, et nous te louons
TOUS Parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde.
VOIX 2 Ressuscité le matin du premier jour de la semaine, Jésus apparut d’abord à Marie de Magdala, dont il avait chassé sept démons. Celle-ci partit l’annoncer à ceux qui avaient été avec lui et qui étaient dans le deuil et les pleurs. Mais, entendant dire qu’il vivait et qu’elle l’avait vu, ceux-ci ne la crurent pas. (Marc 16, 9-11).
Témoignage
VOIX 3 Je voulais juste vous adresser ce petit mot d’encouragement pour vous dire combien votre écoute, votre confiance, votre intérêt, votre compréhension étaient source d’apaisement et rassurants pour moi, mais sans doute pour nous tous qui avons eu tant de difficultés à trouver une écoute bienveillante et constructive …Vous avez su faire renaître la confiance et le dialogue sur une terre desséchée et totalement épuisée … En cela, au milieu des difficultés que la commission doit traverser et je n’ose imaginer l’ampleur, vous réussissez l’impossible : transformer la souffrance en espérance.
TOUS Reviens, Seigneur ! Jusqu’à quand ? Ravise-toi en faveur de tes serviteurs. ; Dès le matin, rassasie-nous de ta fidélité, et nous crierons de joie nos jours durant. Rends-nous en joie les jours de châtiment, les années où nous avons vu le malheur. Que ton action soit visible pour tes serviteurs, et ta splendeur pour leurs fils ! Que la douceur du Seigneur notre Dieu soit sur nous ! (Ps 90 [89],13-17)
Depuis l’an 2000, la Miséricorde Divine est fêtée chaque 2ème dimanche de Pâques. L’histoire de cette fête commence avec Soeur Faustine (1905-1938), une religieuse polonaise à qui le Christ a choisi d’apparaître. Un jour de février 1931, le Christ lui explique qu’il désire « que le 2ème dimanche après Pâques soit la fête de la Miséricorde ». Ce jour-là en particulier, « les entrailles de ma miséricorde sont ouvertes, je déverse tout un océan de grâces sur les âmes qui s’approcheront de la source de ma miséricorde (…).
Jésus demande aussi à la religieuse de peindre un tableau conforme à cette description : « Jésus vêtu d’une tunique blanche, une main levée pour bénir, la seconde touchait son vêtement sur la poitrine. De la tunique entrouverte sur la poitrine sortaient deux grands rayons, l’un rouge, l’autre pâle. ». Faustine doit ajouter au tableau la mention : « Jésus, j’ai confiance en Toi ». On trouve ce tableau dans notre église à deux endroits… (vous avez trouvé ?) Jésus veut que ce tableau, mais aussi cette fête liturgique, soient répandus partout dans le monde et dans l’église, au-delà des frontières polonaises. Mais comment Faustine pourrait-elle répondre à ce désir du Christ tout en restant cloîtrée ? Devra-t-elle sortir de son couvent ? Devra-t-elle se rendre à Rome ? Jésus va se débrouiller autrement, et c’est une belle histoire ! A cette époque, un certain étudiant polonais passait régulièrement au couvent où vivait encore Sr Faustine deux ans auparavant. L’étudiant sera un des premiers à découvrir ce message de Miséricorde de Jésus à Sr Faustine, et il en sera bouleversé. Une fois devenu prêtre, puis évêque, puis Pape, puis… (ah non on s’arrête là), cet étudiant fera tout pour faire connaître ce message. L’étudiant Wojtila devenu Jean-Paul II canonisera lui-même Sr Faustine en l’an 2000, le jour où enfin il instituera la fête de la Miséricorde Divine pour toute l’Église. Et c’est pourquoi « la lumière de la miséricorde divine (…) illumine le chemin des hommes du IIIe millénaire ». Il est impressionnant de noter que Jean-Paul II rendra son dernier souffle le jour de cette fête, le 2 avril 2005, 5 ans après l’avoir instituée. Et parce que la Providence a du mal à s’arrêter, Jean-Paul II sera béatifié un deuxième dimanche de Pâques en 2011. Notre pape actuel, François, a voulu s’inscrire dans cette lumière de miséricorde pour notre siècle. Il ne cesse de la prêcher en la rattachant à la vie affective, sociale et spirituelle. Et il se rendra à Cracovie pour les JMJ de 2016, tout en faisant vivre à l’Église une année de la Miséricorde dont nous nous souvenons encore. Nous sommes bien dans le siècle de la miséricorde infinie de Dieu ! La date voulue par Jésus pour cette fête met en lumière le lien entre le Mystère Pascal et la Miséricorde. La miséricorde est la seule limite au mal. Cette limite ce sont les bras étendus de Jésus sur la croix. Le mal ne peut franchir la croix. L’au-delà de la croix, c’est la résurrection.
Père Baptiste
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Harriet Tubman : la Moïse de son peuple
Araminta Ross naît en 1822, sur une plantation du sud des États-Unis, où ses parents sont soumis au régime esclavagiste. En 1844, tout en demeurant la « propriété » d’un esclavagiste, Araminta se marie avec un homme libre, John Tubman et prend le prénom « Harriet. »
À la mort de son maître esclavagiste en 1849, elle prend la fuite et parvient à la liberté au Nord, à Philadelphie. Harriet Tubman réussit à libérer environ 70 personnes au cours de 13 voyages de sauvetage grâce au réseau qu’elle développe, l’Underground Railroad. Elle communique également des directions pour fuir à des centaines d’autres personnes. Ses efforts sont au risque constant de sa vie, car les esclaves fugitifs sont activement recherchés. Pendant la Guerre civile américaine (1861-1865) opposant les États-Unis, « l’Union, » et les onze états esclavagistes du Sud, « la Confédération », elle se porte volontaire pour être éclaireuse, espionne et infirmière pour l’armée de l’Union. A la fin de la guerre, elle ouvre sa maison aux personnes démunies, aux orphelins et aux personnes sans abri. Elle s’engage progressivement dans le mouvement pour le droit de vote des femmes. Avec l’aide de sa communauté ecclésiale, l’African Methodist Episcopal Zion Church, elle fonde une maison de soins pour personnes âgées et malades en 1908. Souffrante, elle y entre elle-même et y meurt en 1913. C’est par l’intermédiaire de ses biographes qui transcrivent ses témoignages qu’il est possible de tracer le cheminement spirituel d’Harriet Tubman, car elle ne sait ni lire ni écrire. Pendant sa jeunesse, elle ne connaît pas de pratique chrétienne rituelle dans les Églises établies qui sont d’ailleurs souvent complices du régime esclavagiste. Elle apprend l’histoire du salut de Dieu grâce aux récits bibliques transmis le plus souvent par les chants de spirituals qui s’inspirent surtout du livre de l’Exode et de la passion du Christ. Racontant sa relation à Dieu, elle l’évoque comme la présence d’un ami tout proche, d’un soutien sans faille, d’un Sauveur qui l’accompagne et la guide, tout comme la colonne de nuée ou de feu à la tête du peuple d’Israël au désert (Ex 13, 21-22). Elle explique rester en relation avec Dieu par une prière persévérante de supplication, lui présentant sans cesse ses besoins (Eph 6,18). Un chemin de conversion personnelle ouvre la voie à sa propre libération et lui permet d’assumer la mission de libératrice à son tour. Arrivée au Nord, son récit évoque une renaissance spirituelle ainsi qu’une détermination de partage de liberté, « Il y avait une telle gloire partout, le soleil brillait comme de l’or à travers les arbres et les champs. Je me suis sentie comme au ciel… J’étais libre et ils devaient l’être, aussi ! » L’héritage d’Harriet Tubman nous apprend la relation à Dieu par la prière comme force vivifiante et l’importance des liens communautaires pour mieux porter ensemble tout au long de la vie la défense des droits des plus vulnérables, à l’image de Dieu qui voit la misère et entend les cris de son peuple en souffrance (Ex 3,7).
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